N°2- Quelques coups de crocs dans la domination…

mars 13th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Début janvier, en l’espace de dix jours, deux voitures appartenant à la SNCF sont cramées à Danjoutin (Territoire de Belfort). De sa sale guerre aux fraudeur-ses en passant par sa collaboration dans l’arrestation et l’expulsion de personnes sans-papiers, mille et une raisons de s’en prendre à cette entreprise !  Mi-janvier à Calais, c’est la société Sogéa qui morfle : deux de ses camions servant à la construction d’un nouveau camp pour migrants partent en fumée.

A Limoges, fin janvier, sept camions de l’entreprise Vinci (constructeur de prisons, d’aéroports, d’autoroutes et d’autres nuisances) sont incendiés, causant plusieurs centaines de milliers d’euros de dégâts. Un tag « zad partout » est laissé sur place. Fin février, rebelotte à Toulouse. (plusieurs camions incendiés) en «soutien avec tout-es les sales gosses, zadistes ou pas ».

Début février à Evreux, trois voitures de surveillants garées le long de la prison sont vandalisées. Quelques jours auparavant, un maton allant prendre son service se fait chahuter à un feu rouge, tandis qu’un autre de ces larbins retrouvait son véhicule en bonne partie saccagé.  Début février à Rennes, les règles du jeu que les « gentils organisateurs » prétendaient imposer pour le « défilé-carnaval » en soutien à la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne sont pas suivies, et plusieurs vitres de commerces, banques et assurances sont taguées, attaquées et brisées, ainsi que trois véhicules de flics.

A la mi-février, ce sont les vitres de cinq permanences du parti socialiste qui prennent cher à Paris et en banlieue. L’attaque est revendiquée par un communiqué appelant à s’opposer non seulement à l’état d’urgence, mais à l’État tout court, par le biais de l’action directe.    Mi-février toujours, une révolte incendiaire éclate au centre de rétention de Metz. Des détenus boutent le feu à des matelas, et deux bâtiments se retrouvent hors-service. S’en suit un début d’émeute contre les gardiens du camp.

Opération destruction à Castelnaudary (Aude), fin février. Au menu : plusieurs banques et leurs distributeurs de billets, la maison du Cassoulet (si si), la mairie, une agence de voyages, le tout accommodé à la barre de fer, avec une bonne pincée de rage. La personne arrêtée alors qu’il restait de nombreuses cibles sur le cours de la République aurait déclaré « qu’il était tout simplement énervé ». Et il y a de quoi l’être dans ce monde…

Au matin du 26 février à Marseille, deux voitures de luxe sont incendiées sur un parking du 7ème arrondissement. Dans un communiqué publié sur internet, l’attaque est dédiée aux personnes condamnées dans le cadre d’une lutte contre l’énorme prison qui doit être bâtie au nord de Bruxelles.  Fin février à Toulouse, les vitres de Toulouse Métropole sont défoncées à coups de marteau. Un communiqué précise cette attaque en solidarité avec la Zad de Notre-Dame-des-Landes, en encourageant « à sortir du spectacle de la contestation ». 

Enfin, cette très jolie attaque: «Montreuil : Attaque d’un architecte de la domination.  Dans la nuit du 8 au 9 mars 2016, à l’aide de bennes à ordure et de produits inflammables, nous avons foutu le feu à la devanture du cabinet d’architectes Archi 5 rue Voltaire dans le centre de la ville de Montreuil-sous-Bois.  Archi 5 se vante sur son site d’avoir réalisé, ou d’être en train de réaliser, à côté de constructions anodines, la liste des projets macabres suivants : Centres pénitentiaires de Bourg en Bresse, de Draguignan, de Mont de Marsan, de Rennes […].  Nous dédions cette action à toutes les personnes qui se battent pour la liberté et contre toute autorité, en particulier aux compagnons anarchistes Monica Caballero et Francisco Solar entre les griffes de l’Etat espagnol et qui bien qu’encourant de très lourdes peines de prison, ne renient pas un mot de ce qu’ils pensent ni de ce qu’ils sont.Feu aux prisons. Feu à ceux qui les construisent.»   

N°2- Tout autour de toi

mars 13th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Le texte qui suit a été écrit et diffusé à Lecce, dans les pouilles, une région plutôt pauvre du sud de l’ Italie, où une poignée de compagnonNEs portent obstinément une lutte directe et sans concessions contre la machine à trier, à enfermer et à déporter les sans papiers (et ce monde de frontières, de fric et de barbelés), lutte qui s’est notamment cristallisée entre 2002 et 2006 pour la fermeture du centre de rétention de San Foca (tenu directement par l’église catholique).  

Une énorme machine s’est mise en route les 20 et 21 février à Lecce (Pouilles), à l’occasion du BTM Puglia (Business Tourism Management) pour discuter sur  « Comment offrir un accueil mémorable aux entreprises du tourisme » ; c’est comme cela qu’on entend transformer le Salento et les Pouilles : un parc d’attraction ouvert toute l’année, mais seulement à ceux qui peuvent se le permettre. A des personnes en provenance de partout dans le monde et liées par une caractéristique fondamentale : avoir un portefeuille suffisamment bien rempli. Ces personnes sont communément nommées des touristes, une belle affaire pour tous les spéculateurs du secteur.

Pourtant, bien avant d’être prises d’assaut par des étrangers cossus, les côtes du Salento et des Pouilles ont été, et sont encore, un point d’abordage pour d’autres étrangers, débarquant de façon rocambolesque et sans argent à dépenser, avec un rêve au coeur et un espoir, celui de survivre et de laisser derrière soi les horreurs qu’on avait fuies : guerres, catastrophes, misère, faim, persécutions. En 2016, cela fera 25 ans depuis que le navire Vlora a accosté à Bari, avec sa cargaison de milliers de désespérés, dévoilant une réalité ignorée, emblème d’un monde qui jusqu’alors faisait mine de ne rien voir. Depuis ce temps, personne ne s’est posé la question de comment leur « offrir un accueil mémorable », mais uniquement de comment contenir cette humanité pauvre et misérable. La réponse a été la création de camps gardés par la police. Cela a commencé avec l’internement dans le stade de Bari en 1991, pour arriver en 1998 à la création des centres de rétention (CPT) – dont le premier fut le tristement célèbre « Regina Pacis » de San Foca – et puis encore d’autres centres de rétention (CIE). Des structures avec toujours moins d’espace et toujours plus planquées, dont la fonction reste la même : contenir les étrangers pauvres qui arrivent sur le sol italien avec des papiers qui ne sont pas en règle, et les renvoyer d’où ils sont arrivés. Répartis à travers tout le territoire national, les Pouilles hébergent à présent deux centres de rétention, l’un à Bari et l’autre à Brindisi. Les seuls à s’intéresser à l’ « accueil » de ces étrangers pauvres sont quelques entreprises qui ont compris que, même avec eux, il était possible de faire du « Business Management ». De la curie de Lecce à la coopérative Auxilium, en passant par la Croix Rouge, c’est une bonne affaire pour beaucoup.

Des rencontres comme celle de la BTM sont aussi une véritable insulte à la situation réelle des Pouilles. Derrière l’image stéréotypée d’un territoire, se cache une vie malsaine produite par les infrastructures de mort qui nous entourent, sur un territoire mortifié par d’innombrables casernes et bases militaires, avant-postes des guerres qui se déroulent à travers le monde. Ces guerres qui poussent des êtres humains à partir et à débarquer ici, là où commence leur problème. Ici où se cache une exploitation salariée extrême touchant nombre d’étrangers et tant d’exploités locaux, esclavagisés justement par les entreprises du tourisme qui participent au BTM : hôtels et structures du même genre. Ici où se cache l’éradication de toute vie réelle dans des villes transformées à la mesure des touristes, avec les centres historiques qui servent seulement de vitrines pour consommer, et d’où les pauvres doivent être éloignés, contenus.

Il semble évident que le problème de tous, italiens ou étrangers, est donc celui de l’argent, c’est-à-dire l’économie. En son nom se créent des murs et des frontières : d’un côté ceux qui ont de l’argent, de l’autre ceux qui sont pauvres. Ce n’est pas un hasard qu’un des principaux sponsors de BTM Puglia soit la banque Mediolanum, celle qui a lancé un fameux slogan : « Construite autour de toi ».

Exactement comme un mur : celui d’une prison ou d’un centre de rétention.

Quelques ennemis de  toutes les frontières  

N°2- Quelles solidarités?

mars 13th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Mi-mars près d’Orléans, deux détenus qui avaient obtenu une permission de sortie pour assister aux obsèques d’un proche s’évadent… On leur souhaite longue route!

Fin août 2015, un JAP (juge d’application des peines) refuse à un homme incarcéré de se rendre aux obsèques de son père, tué quelques jours plus tôt. Dans la foulée, une soixantaine de personnes  bloquent le péage de Roye sur l’A1 (poubelles, incendie de pneus et d’arbres du bas côté). La permission de sortie est accordée le lendemain, mais une dizaine de personnes écopent début février de peines allant de 4 à 18 mois de prison ferme pour ce blocage. Même le journaliste de la presse bourgeoise est obligé de constater qu’à la barre les prévenuEs sont restéEs droitEs (et plutôt soudées), certainEs n’hésitant pas à expliquer que le blocage de route est une pratique couramment utilisée dans le      cadre de conflits sociaux, plusieurs  revendiquant leur participation aux « incidents » en  disant que si la justice n’avait pas refusé la première demande de sortie, ça ne se serait pas passé. On apprend par le même journal que, doutant sans doute de la compréhension des juges, la moitié des prévenuEs a  préféré quitter le tribunal avant le rendu du procès.

Dans une situation similaire à Moirans près de Grenoble fin Octobre, des dizaines de personnes avaient bloqué la gare de la ville (véhicules enflammés sur les voies…), tandis qu’à Aiton, la  taule où étaient enfermés leurs proches 20 des 190 détenus mettaient le feu aux coursives, cassaient les serrures des cellules, refusaient d’y revenir. Cette fois-ci les permissions ont été refusées, et une quinzaine de personnes interpelées fin janvier.

Crève la justice!   

N°2- Quand l’État « protège » les putes, il leur envoie les flics !

mars 13th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Côté pile: L’urbanisme c’est la chasse aux pauvres…

Début décembre une opération de police perquisitionne et ferme une dizaine de bars à hôtesses du quartier de l’opéra. Neuf gérantes (et un barmaid) sont incarcérées. Après enquête les flics se seraient rendu compte que ces bouges servaient de lieux de passes, les clients payant plus cher le prix des boissons en contrepartie des prestations sexuelles effectuées par les hôtesses. Sans blague : ça durait depuis des décennies, au bas mot. Dans la même période, plusieurs crapules qui forçaient des femmes à se prostituer dans la rue ont également été arrêtées. La série d’articles qui suit dans le torchon local[1], offre tribune sur tribune aux politiciens qui, sous prétexte de « lutte contre la prostitution » (voir « côté face…») se réjouissent du coup d’accélérateur donné à la réhabilitation du centre ville. La mairesse BERNASCONI se dit d’ores et déjà prête à utiliser son droit de préemption[2] pour installer à la place des anciens bars des enseignes d’un standing « plus adapté ». Elle ajoute, racisme au coin des lèvres : « on sait ce qu’on ne veut pas, ni bar à chicha, ni épicerie de nuit, ni activité qui entraîne des nuisances». Grrr…

Ces dernières opérations policières s’inscrivent dans l’extension généralisée du contrôle et de la surveillance à tous les aspects de nos vies qui voudrait transformer chaque ville en laboratoire de contre-insurrection,  nous prenant alternativement comme co-gestionnaires de notre enfermement, cobayes ou figurantes. Bien consciente que certains trafics (qui contribuent parfois au maintien de l’ordre, pour la paix des affaires), la mauvaise couverture médiatique liée aux règlements de compte, la présence de quartiers pauvres en plein centre pourraient compromettre le développement de la « marque Marseille » (sic), la mairie met un coup d’accélérateur sur le « nettoyage » de l’hyper centre. Rien de nouveau : flics, promoteurs immobiliers et politiciens travaillent main dans la main pour redessiner la ville en fonction de leurs intérêts, sous les applaudissements des quelques habitantEs actuelLEs qui seront encore là  dans le centre ville d’après et se moquent bien de ce qui adviendra des personnes dégagées, pourvu que ce soit loin de leurs fenêtres (que leur carte d’électeur les étouffe).  Cette nouvelle offensive du pouvoir vise tout-es ceux et celles considérées comme indésirables,  à coup de rénovations, de hausse des loyers et  d’expulsions, de  création de patrouilles de nuit de la police municipale et de préparation d’un nouveau plan de vidéosurveillance. La « Cannebière pour tous »  promise est décidément un gros foutage de gueule : un investissement juteux pour les commerçantEs, avec juste ce qu’il faut de pauvres pour lécher les vitrines des comme0-82rces branchés, servir et masser les épaules fatiguées des touristes et des bourges espéréEs par l’hôtel 4 étoiles, dont les travaux doivent commencer bientôt en plein Noailles… (juste en face de la Soléam[3], soit dit en passant).

Surfant sur le succès de l’opération « Marseille 2013 », et utilisant ces événements comme autant de coups de pub et d’occasions de chantiers, la toute nouvelle métropole empile les dossiers de candidature. Après l’euro en 2016, Marseille sera capitale européenne du sport en 2017 et fait partie des villes qui participeront à l’organisation des jeux olympiques de 2024 et de l’exposition universelle de 2025, si jamais la candidature de la fRance est retenue. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les encravatés tentent d’obtenir le soutien de la population (il ne s’agirait pas que des émeutes ou attaques viennent compromettre le « bon » déroulement de la fête, comme pour le mondial de foot organisé à Rio en 2014 ou l’exposition universelle de Milan en 2015). Ils tentent hypocritement de faire croire que les retombées de toutes sortes profiteront à chacunE, promettant du travail et des divertissements. Ces démagos n’hésitent pas à demander à la population marseillaise vue pour l’occasion comme un tout homogène, (mensonge niant les conflits d’intérêts, les rapports de domination existant à tous les étages) de soutenir la candidature de la ville photos et hashtag à l’appui… Mais qui considère ça comme une fête de voir tous-te-s ces athlètes et autres footeux arborer fièrement les couleurs nationales, se tirer la bourre pour une médaille et des gros sous? Qui a envie que Marseille accueille l’expo universelle de 2025, quand celle de 1900 à Paris (bois de Vincennes) exposait pour le plaisir des bourges et dans des cages des humains arrachés aux différentes régions du monde colonisées ?

Foin de sornettes et d’hypnose Leurs rêves ne sont pas les nôtres. TousTEs ces marchandEs d’illusions cherchent à maintenir leur paix sur notre misère, notre soumission et notre résignation. Si la fantasmée Marseille : populaire,  rebelle et rétive à la domination n’a jamais existé, nombreux-ses sont ceux et celles qui y traînent groles et rage. Brûlant-es de choisir par et pour nous-mêmes de quoi sont tissées nos vies nous devons en finir avec tous celles et ceux qui décident à notre place. Sortant du rôle de spéctateurs hébétés, affutons nos regards sur la ville, pour en trouver les points vulnérables. La tâche est vaste mais il se pourrait bien que la seule aventure qui nous reste à vivre réside dans l’attaque et la volonté déraisonnable de détruire toute autorité.

 

[1] triste valet du pouvoir_ [2]qui lui permet d’empêcher une vente_[3] organisme chargé par la mairie de « l’opération grand centre ville »

Côté face: Mais de quoi parle t-on???

Si on arrête de considérer la sexualité comme sacrée ou réservée au couple, à la reproduction, on a du mal à comprendre pourquoi le fait d’être contraintEs de vendre son temps, sa santé, son intelligence à unE patronNE  ne devrait poser problème que lorsqu’il s’agit de travail du sexe.   L’État se la joue protecteur de femmes qui, en partie, ont décidé de se prostituer comme on choisit de travailler dans ce monde (sous la contrainte) et qui, en partie, se retrouvent bloquées dans des sales réseaux, fragilisées et forcées à la prostitution par l’existence de frontières, de flics… Le salariat comme le trafic d’êtres humains sont deux facettes du système capitaliste que nous voulons détruire.   Cette soit-disant protection de l’État qui laisse crever/ pourrir des milliers de personnes à ses frontières ou au turbin est d’autant plus hypocrite que la répression entraîne généralement le déplacement des zones de prostitution en dehors des centres villes, là où les putes sont plus exposées encore aux agressions des clients, au racket des maquereaux et autres « garde du corps ». Quant au « suivi » imposé aux anciennes prostituées (quel que soient leurs parcours) c’est un flicage « sur mesure » par des assistantes sociales et autres culs bénits chargés de les réinsérer, par la carotte et la menace, dans le droit chemin (et vice versa). Tout un programme.

N°2- En chemin…

mars 13th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

  «  la révolte ne parle pas du simple dégoût , mais parle aussi de  joie. La joie d’affirmer que malgré tout, nous sommes naitre bosservivantEs. Que malgré l’aliénation régnante, nos chemins de révolte se croisent encore et que les possibilités de tisser des liens de complicité ne sont jamais entièrement annéanties. »

On nous demande régulièrement lors de diffusion du journal si nous faisons partie d’une organisation (association, parti, confédération). Ce n’est pas le cas. S’organiser pour lutter, tenter de diffuser des idées de différentes manières ne signifie pas forcément constituer une organisation, ou « faire de la politique » (en tant qu’activité séparée du reste de la vie). A quoi bon constituer une organisation si ce n’est pour  faire nombre, obtenir la reconnaissance de l’État (adieu potentiel subversif), gratter des conditions de vie un peu moins merdiques, co-gérer sa domination ? Contrairement aux « réalistes » de tous poils, adeptes des fronts communs, je pense qu’on ne vient pas à bout de l’autorité en reproduisant soi-même (dans ses relations et façons de s’organiser) des rapports autoritaires, pas plus qu’on ne vient à bout de la politique sans abandonner les tactiques politiciennes.

Mes désirs ne peuvent pas être légitimes dans ce monde. Je veux la destruction de TOUT pouvoir, de TOUTE autorité. Sans ça pas de liberté possible.

Il m’a fallu longtemps pour démasquer les (faux) complices qui auraient voulu me cantonner à un rôle « de fille » (passive, « copine de », faire valoir…) et m’ envisager comme individu non pas entièrement autonome mais agissant et me positionnant en fonction de mon éthique, de mes désirs et de la colère qui bout en moi. Je vois ça comme une recherche continue et exigeante : la tension entre la tête et le ventre, entre les idées et la pratique, entre soi et les autres. Je ne veux d’aucun groupe ou collectif, d’aucune entité (y compris « révolutionnaire ») qui serait supérieure aux individus qui la composent, prétendrait parler en leur nom, dicter leur agir ou fédérer à partir d’un discours homogène, aucune instance à qui déléguer ma responsabilité. Je ne serai ni soldate, ni bras armé d’un quelconque mouvement. Je chie sur les chefs et autres spécialistes, stratèges, les institutions, leurs codes, lois, morales… Chaque pas est le mien.

Je ne suis pas la seule à penser ça. De nombreux-se-s anarchistes opposent à l’organisation formelle, centralisatrice et hiérarchisée l’organisation informelle entendue comme le foisonnement d’individus s’associant et se dés-associant en fonction de leurs affinités, perspectives, projets…   Il ne s’agit plus alors d’adhérer à un quelconque programme, croyance ou idéologie ni de recruter des électeurs, clones ou fidèles mais de rencontres uniques d’individus, de compagnonNEs avec qui expérimenter des relations basées sur la connaissance mutuelle et la réciprocité (d’envie, d’attentions…), afin de chercher comment  (parmi d’autres révoltéEs, en annonçant clairement nos idées et en restant lucides sur les limites de ce qui peut être partagé) contribuer à l’existence d’un espace social où puissent se répondre, dialoguer des désirs et des gestes subversifs, afin de provoquer et d’ approfondir des ruptures dans l’ordre normal des choses, mettre du sable dans les rouages de la machine à exploiter et à soumettre,  souffler sur les braises d’une situation sociale jamais complètement éteinte(s).

N°1 – PDF (janvier/février 2016)

janvier 27th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Une feuille d’agitation pour mettre en lien des idées  et des gestes qui nous parlent de désirs d’en finir (et plus vite que ça) avec tous les rapports de domination qui structurent cette société mortifère.

Un outil qui veut se donner le temps de susciter des rencontres et d’approfondir des analyses loin du rythme frénétique d’internet où, trop souvent, les opinions tournoient sans s’incarner ni porter à conséquences. 

Du papier pour s’affuter. Du papier pour foutre le feu!

N°1

N°1 – « Y a personne qui t’appartient! » (et paf, le patriarche)

janvier 27th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Un matin, quelque part dans Marseille…

Un type, la soixantaine, traîne derrière lui trois enfants dont une petite fille en pleurs. Elle se justifie, hoquette. Il l’accuse, l’humilie, la menace. Lui dit qu’ « elle n’est pas sage », qu’il va la renvoyer chez elle, lui mettre une fessée. Il se répète, assis sur son piédestal, sa légitimité puante de patriarche. Celui qui, il n’y a pas si longtemps encore, avait le droit de vie ou de mort sur sa descendance. Autour personne ne bouge. Il n’y a pas grand monde pour réagir face à la violence « ordinaire »  dont sont tissés les rapports sociaux  (racisme, sexisme/homophobie, violence d’État…). Toute celle (viols/incestes/coups, etc etc etc) qui s’exerce au sein de la sphère familiale (homme/femme, parents/enfants) est franchement taboue. Il paraît que les « histoires de couple » ne concernent personne d’autre. Il paraît que c’est aux parents SEULES de décider de l’éducation de leurs enfants (comprendre : leur propriété) et que les seules personnes extérieures habilitées à intervenir seraient les uniformes. Mais c’est quoi ces conneries ? C’est de la violence, de l’humiliation en barre, ce qu’il est en train de lui faire vivre.Au yeux de tousTEs ces passantEs , elle doit être trop insignifiante pour être considérée. Cinq ans et demie : presque rien dans ce monde pensé par et pour les adultes : une individualité de plus à soumettre, pour en faire un petit clone docile. Et quoi de mieux, avant de la formater, que de l’empêcher de prendre confiance dans son intelligence et son autonomie? Ce patriarche est tombé sur un os. Au milieu de l’indifférence générale deux passantEs sont venues  entraver le cours tranquille de sa domination. Certaines personnes refusent de déléguer ce qui les concerne aux uniformes et cette fois-ci la solidarité ne s’est pas faite entre adultes. Il y a fort à parier qu’il se sente un peu moins à l’aise à l’avenir, celui-là. « Patriarche de merde ! »

À celles et ceux qui en doutent, MÊME à cinq ans et demie ça avait l’air bon d’être prise en compte, d’entendre quelqu’un dire que rien ne justifiait « ça », que personne ne devait lui donner d’ordres, ni lui parler mal. Ni prof, ni (grand) parents. Et surtout que le statut d’enfant s’arrête, un jour, qu’il y a un temps d’après et qu’elle dessinera, elle. À moins qu’elle ne décide, sans attendre jusque-là, de se rebeller contre ceux qui voudraient la dresser… ?

Éduquer c’est toujours formater : sabotons/ désertons la machine à transformer des mômes en  garçons   ou en filles, à (re)produire des citoyenNEs, consommatrices et travailleurs.

N°1 – A propos de boues rouges et autres nuisances

janvier 27th, 2016 by feuille d'agitation anarchiste

Fin décembre, à travers un arrêté préfectoral, le gouvernement a autorisé pour six ans de plus le rejet en mer Méditerranée des résidus de bauxite produits par l’usine d’alumine Alteo de Gardanne.

Concrètement, ce sont des millions de tonnes de métaux lourds (arsenic, mercure, fer…) et de soude qui sont déversés au large de Cassis dans une fosse sous-marine, à travers un conduit long de 50 kilomètres, cela en plus des sites de stockage à ciel ouvert déjà présents depuis des décennies autour de l’usine, à Bouc-Bel-Air notamment, et dont les poussières toxiques vont se répandre aux quatre vents.  On repense spontanément à l’effondrement d’un bassin de rétention de boues rouges en Hongrie en 2010, qui avait fait une dizaine de morts et plus de cent blessés, en plus de la pollution des sols et des eaux dans un large périmètre…Comble du cynisme, Alteo entend bien rentabiliser ces déchets, sous forme de « bauxaline », matériau utilisé dans la construction.

Le tout avec la bénédiction du maire de Gardanne, élu PCF (ce parti aux mains sales, par ailleurs fervent défenseur du nucléaire, et dernièrement signataire de la loi sur l’état d’urgence), et avec un argumentaire qu’on pourrait résumer ainsi : « L’écologie, l’écologie, d’accord, mais l’emploi avant tout ! ». Un argumentaire largement repris parmi les quelques 500 employés du site,  peur du chômage aidant. Un condensé de ce qu’est l’horreur économique, tant en matière d’exploitation que de dévastation de l’environnement ; celle-ci s’aggravant à mesure que le capitalisme se dote de moyens technologiques et industriels pour maximiser le profit.

C’est au travers de détails comme celui-ci qu’on mesure l’ampleur du bourrage de crâne qu’on nous  sert quotidiennement, sous le nom de «  marche vers le progrès », de capitalisme vert, et dont le dernier épisode s’intitule COP21. Un mensonge de plus, destiné à rendre le désastre acceptable (et durable), et à faire croire qu’on peut vivre libres au sein de la poubelle des mondes, à déguster un yaourt bio avec l’esprit serein, quand bien même nous sommes plongés jusqu’au cou dans les décombres industriels, sa radioactivité diffuse et ses cancers de masse. A produire, respirer, bouffer de la merde.

Et surtout, brave citoyen-ne, promeneur-se à tes rares heures de loisir, ne va pas jeter un mouchoir usagé dans ces magnifiques calanques, oasis de nature que papa l’État prend tant de peine à préserver ( lire
« valoriser ») pour que la carte postale continue de faire envie. Le tout dans une région saturée de structures exhalant le parfum de la mort, de Fos-sur-Mer à la vallée du Rhône, de Berre-l’Etang à Cadarache. Mais de quelle « nature » parle-t-on exactement ?

Il y aurait tant à dire encore, mais la nausée n’est pas loin. Gardons nos forces pour combattre cette société si radieuse.