N°2- Quand l’État « protège » les putes, il leur envoie les flics !

Côté pile: L’urbanisme c’est la chasse aux pauvres…

Début décembre une opération de police perquisitionne et ferme une dizaine de bars à hôtesses du quartier de l’opéra. Neuf gérantes (et un barmaid) sont incarcérées. Après enquête les flics se seraient rendu compte que ces bouges servaient de lieux de passes, les clients payant plus cher le prix des boissons en contrepartie des prestations sexuelles effectuées par les hôtesses. Sans blague : ça durait depuis des décennies, au bas mot. Dans la même période, plusieurs crapules qui forçaient des femmes à se prostituer dans la rue ont également été arrêtées. La série d’articles qui suit dans le torchon local[1], offre tribune sur tribune aux politiciens qui, sous prétexte de « lutte contre la prostitution » (voir « côté face…») se réjouissent du coup d’accélérateur donné à la réhabilitation du centre ville. La mairesse BERNASCONI se dit d’ores et déjà prête à utiliser son droit de préemption[2] pour installer à la place des anciens bars des enseignes d’un standing « plus adapté ». Elle ajoute, racisme au coin des lèvres : « on sait ce qu’on ne veut pas, ni bar à chicha, ni épicerie de nuit, ni activité qui entraîne des nuisances». Grrr…

Ces dernières opérations policières s’inscrivent dans l’extension généralisée du contrôle et de la surveillance à tous les aspects de nos vies qui voudrait transformer chaque ville en laboratoire de contre-insurrection,  nous prenant alternativement comme co-gestionnaires de notre enfermement, cobayes ou figurantes. Bien consciente que certains trafics (qui contribuent parfois au maintien de l’ordre, pour la paix des affaires), la mauvaise couverture médiatique liée aux règlements de compte, la présence de quartiers pauvres en plein centre pourraient compromettre le développement de la « marque Marseille » (sic), la mairie met un coup d’accélérateur sur le « nettoyage » de l’hyper centre. Rien de nouveau : flics, promoteurs immobiliers et politiciens travaillent main dans la main pour redessiner la ville en fonction de leurs intérêts, sous les applaudissements des quelques habitantEs actuelLEs qui seront encore là  dans le centre ville d’après et se moquent bien de ce qui adviendra des personnes dégagées, pourvu que ce soit loin de leurs fenêtres (que leur carte d’électeur les étouffe).  Cette nouvelle offensive du pouvoir vise tout-es ceux et celles considérées comme indésirables,  à coup de rénovations, de hausse des loyers et  d’expulsions, de  création de patrouilles de nuit de la police municipale et de préparation d’un nouveau plan de vidéosurveillance. La « Cannebière pour tous »  promise est décidément un gros foutage de gueule : un investissement juteux pour les commerçantEs, avec juste ce qu’il faut de pauvres pour lécher les vitrines des comme0-82rces branchés, servir et masser les épaules fatiguées des touristes et des bourges espéréEs par l’hôtel 4 étoiles, dont les travaux doivent commencer bientôt en plein Noailles… (juste en face de la Soléam[3], soit dit en passant).

Surfant sur le succès de l’opération « Marseille 2013 », et utilisant ces événements comme autant de coups de pub et d’occasions de chantiers, la toute nouvelle métropole empile les dossiers de candidature. Après l’euro en 2016, Marseille sera capitale européenne du sport en 2017 et fait partie des villes qui participeront à l’organisation des jeux olympiques de 2024 et de l’exposition universelle de 2025, si jamais la candidature de la fRance est retenue. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les encravatés tentent d’obtenir le soutien de la population (il ne s’agirait pas que des émeutes ou attaques viennent compromettre le « bon » déroulement de la fête, comme pour le mondial de foot organisé à Rio en 2014 ou l’exposition universelle de Milan en 2015). Ils tentent hypocritement de faire croire que les retombées de toutes sortes profiteront à chacunE, promettant du travail et des divertissements. Ces démagos n’hésitent pas à demander à la population marseillaise vue pour l’occasion comme un tout homogène, (mensonge niant les conflits d’intérêts, les rapports de domination existant à tous les étages) de soutenir la candidature de la ville photos et hashtag à l’appui… Mais qui considère ça comme une fête de voir tous-te-s ces athlètes et autres footeux arborer fièrement les couleurs nationales, se tirer la bourre pour une médaille et des gros sous? Qui a envie que Marseille accueille l’expo universelle de 2025, quand celle de 1900 à Paris (bois de Vincennes) exposait pour le plaisir des bourges et dans des cages des humains arrachés aux différentes régions du monde colonisées ?

Foin de sornettes et d’hypnose Leurs rêves ne sont pas les nôtres. TousTEs ces marchandEs d’illusions cherchent à maintenir leur paix sur notre misère, notre soumission et notre résignation. Si la fantasmée Marseille : populaire,  rebelle et rétive à la domination n’a jamais existé, nombreux-ses sont ceux et celles qui y traînent groles et rage. Brûlant-es de choisir par et pour nous-mêmes de quoi sont tissées nos vies nous devons en finir avec tous celles et ceux qui décident à notre place. Sortant du rôle de spéctateurs hébétés, affutons nos regards sur la ville, pour en trouver les points vulnérables. La tâche est vaste mais il se pourrait bien que la seule aventure qui nous reste à vivre réside dans l’attaque et la volonté déraisonnable de détruire toute autorité.

 

[1] triste valet du pouvoir_ [2]qui lui permet d’empêcher une vente_[3] organisme chargé par la mairie de « l’opération grand centre ville »

Côté face: Mais de quoi parle t-on???

Si on arrête de considérer la sexualité comme sacrée ou réservée au couple, à la reproduction, on a du mal à comprendre pourquoi le fait d’être contraintEs de vendre son temps, sa santé, son intelligence à unE patronNE  ne devrait poser problème que lorsqu’il s’agit de travail du sexe.   L’État se la joue protecteur de femmes qui, en partie, ont décidé de se prostituer comme on choisit de travailler dans ce monde (sous la contrainte) et qui, en partie, se retrouvent bloquées dans des sales réseaux, fragilisées et forcées à la prostitution par l’existence de frontières, de flics… Le salariat comme le trafic d’êtres humains sont deux facettes du système capitaliste que nous voulons détruire.   Cette soit-disant protection de l’État qui laisse crever/ pourrir des milliers de personnes à ses frontières ou au turbin est d’autant plus hypocrite que la répression entraîne généralement le déplacement des zones de prostitution en dehors des centres villes, là où les putes sont plus exposées encore aux agressions des clients, au racket des maquereaux et autres « garde du corps ». Quant au « suivi » imposé aux anciennes prostituées (quel que soient leurs parcours) c’est un flicage « sur mesure » par des assistantes sociales et autres culs bénits chargés de les réinsérer, par la carotte et la menace, dans le droit chemin (et vice versa). Tout un programme.

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