N°2- En chemin…

  «  la révolte ne parle pas du simple dégoût , mais parle aussi de  joie. La joie d’affirmer que malgré tout, nous sommes naitre bosservivantEs. Que malgré l’aliénation régnante, nos chemins de révolte se croisent encore et que les possibilités de tisser des liens de complicité ne sont jamais entièrement annéanties. »

On nous demande régulièrement lors de diffusion du journal si nous faisons partie d’une organisation (association, parti, confédération). Ce n’est pas le cas. S’organiser pour lutter, tenter de diffuser des idées de différentes manières ne signifie pas forcément constituer une organisation, ou « faire de la politique » (en tant qu’activité séparée du reste de la vie). A quoi bon constituer une organisation si ce n’est pour  faire nombre, obtenir la reconnaissance de l’État (adieu potentiel subversif), gratter des conditions de vie un peu moins merdiques, co-gérer sa domination ? Contrairement aux « réalistes » de tous poils, adeptes des fronts communs, je pense qu’on ne vient pas à bout de l’autorité en reproduisant soi-même (dans ses relations et façons de s’organiser) des rapports autoritaires, pas plus qu’on ne vient à bout de la politique sans abandonner les tactiques politiciennes.

Mes désirs ne peuvent pas être légitimes dans ce monde. Je veux la destruction de TOUT pouvoir, de TOUTE autorité. Sans ça pas de liberté possible.

Il m’a fallu longtemps pour démasquer les (faux) complices qui auraient voulu me cantonner à un rôle « de fille » (passive, « copine de », faire valoir…) et m’ envisager comme individu non pas entièrement autonome mais agissant et me positionnant en fonction de mon éthique, de mes désirs et de la colère qui bout en moi. Je vois ça comme une recherche continue et exigeante : la tension entre la tête et le ventre, entre les idées et la pratique, entre soi et les autres. Je ne veux d’aucun groupe ou collectif, d’aucune entité (y compris « révolutionnaire ») qui serait supérieure aux individus qui la composent, prétendrait parler en leur nom, dicter leur agir ou fédérer à partir d’un discours homogène, aucune instance à qui déléguer ma responsabilité. Je ne serai ni soldate, ni bras armé d’un quelconque mouvement. Je chie sur les chefs et autres spécialistes, stratèges, les institutions, leurs codes, lois, morales… Chaque pas est le mien.

Je ne suis pas la seule à penser ça. De nombreux-se-s anarchistes opposent à l’organisation formelle, centralisatrice et hiérarchisée l’organisation informelle entendue comme le foisonnement d’individus s’associant et se dés-associant en fonction de leurs affinités, perspectives, projets…   Il ne s’agit plus alors d’adhérer à un quelconque programme, croyance ou idéologie ni de recruter des électeurs, clones ou fidèles mais de rencontres uniques d’individus, de compagnonNEs avec qui expérimenter des relations basées sur la connaissance mutuelle et la réciprocité (d’envie, d’attentions…), afin de chercher comment  (parmi d’autres révoltéEs, en annonçant clairement nos idées et en restant lucides sur les limites de ce qui peut être partagé) contribuer à l’existence d’un espace social où puissent se répondre, dialoguer des désirs et des gestes subversifs, afin de provoquer et d’ approfondir des ruptures dans l’ordre normal des choses, mettre du sable dans les rouages de la machine à exploiter et à soumettre,  souffler sur les braises d’une situation sociale jamais complètement éteinte(s).

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