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N°3 – Mai/Juin 2016 – PDF

jeudi, mai 26th, 2016

N°3 -PDF

Une feuille d’agitation pour mettre en lien des idées  et des gestes qui nous parlent de désirs d’en finir  (et plus vite que ça) avec tous les rapports de domination qui structurent cette société mortifère.

Un outil qui veut se donner le temps de susciter des rencontres et d’approfondir des analyses loin  du rythme frénétique d’internet où, trop souvent, les opinions tournoient sans s’incarner  ni porter à conséquences.

 Du papier pour s’affuter. Du papier pour foutre le feu!

N°3 – Dans l’ombre de la ville: les Baumettes

jeudi, mai 26th, 2016

128Grues et engins de chantier s’agitent depuis plusieurs années. La prison qui existe depuis près d’un siècle était réputée pour être particulièrement surpeuplée*, vétuste et insalubre, ce qui avait déclenché plusieurs « scandales » médiatiques. Le ministère de la justice, par le biais des encravatés de l’APIJ (la sinistre Agence pour l’immobilier de la justice) a décidé, après plusieurs revirements et une interruption des travaux, de rénover certains des bâtiments et d’en construire de nouveaux. Ces derniers devraient permettre d’enfermer 600 personnes dès 2017. Si le chantier se déroule selon les plans du pouvoir, la phase suivante sera la rénovation des anciens bâtiments de la MAH (maison d’arrêt pour hommes) encore en activité aujourd’hui. Pendant cette phase, la majeure partie des prisonniers sera transférée dans deux prisons en construction à Aix (Luynes-2) et Draguignan. Ces différents chantiers en cours dans la région reflètent ce qui se passe sur le plan national. Alors qu’en 2007 le nombre de places (théoriques) de prison s’élevait à 51 000, l’État prévoyait d’arriver à plus de 70 000 places en 2018. Les plans ont dû être revus à la baisse faute de thunes, mais le nombre de personnes « sous écrou » (prison, semi-liberté, bracelet électronique, conditionnelle etc.) est passé de 47000 en 2001 à 78000 en 2016 (dont 66 700 incarcéré-e-s). La justice enferme plus, et plus longtemps. Les « pour-la-loi » affirment que les différentes réformes pénales et travaux engagés permettent d’enfermer de façon plus « humaine »: quel mensonge abject !

Les fameuses cellules individuelles (mais déjà prévues pour enfermer plus) équipées de douches, ne sont que le vernis « démocratique » destiné à faire passer la pilule. Des récits de personnes les ayant testées bien malgré elles racontent que leur insonorisation empêche d’entendre et de réagir à ce qui se passe juste à côté, quand les maton-nes tabassent ou laissent crever quelqu’un-e (incendie…). Quant aux caillebotis, ces grillages qui se rajoutent aux barreaux, ils rendent plus compliquée la pratique du yo-yo et se font assez systématiquement défoncer… Ce n’est évidemment pas pour le « bien être » des prisonnier-Es que l’État agrandit et modernise ses taules. Il s’agit d’intégrer les apprentissages de décennies de révoltes individuelles et collectives, d’évasions (…), afin de construire des prisons plus sécurisées, conçues pour mieux isoler les détenus, compliquer entraides et solidarités (entre l’extérieur et l’intérieur) et empêcher les mutineries… Aux moyens qui étaient déjà massivement utilisés pour gérer « la détention » et casser les volontés rebelles (calmants, télé, isolement, mitard, « remises de peines », Eris…) viennent désormais s’ajouter vidéo-surveillance et informatique qui jouent un rôle de plus en plus important (ouvertures des portes, trajets à l’intérieur de la zonz ‘…). Ces derniers permettent notamment de limiter les interactions entre détenu-es et porte-clefs (qui se voyaient trop souvent remerciés de leurs « bons » services par des coups, blessures diverses et variées…).

Les évolutions de la prison, degré d’enfermement le plus poussé de cette société carcérale, sont très proches de celles qui redessinent la ville pour toujours mieux la contrôler. Politicien-ne-s, promoteurs et urbanistes voudraient attribuer une(des) fonction(s) à chaque zone pour en tirer le maximum de bénéfices (production, consommation, loisir, résidence, tourisme…). Les flics signifient aux indésirables les frontières à ne pas franchir tandis que le sale œil de l’État s’incruste partout pour surveiller, épier les déplacements, menacer les débrouilles quotidiennes (fraude dans les transports, vols, récup etc) et décourager toute idée de révolte. L’état d’urgence décrété suite aux attentats de novembre (et prolongé jusqu’à fin juillet au moins) est un moyen pour exiger de chacun-e toujours plus d’obéissance vis-à-vis des uniformes et de « mesures de sécurité » souvent absurdes. AcculéEs, somméEs de « choisir » entre une insertion qui exige une soumission grandissante à la loi, un-e patron-ne ou des services sociaux chargés de redistribuer quelques miettes qu’ils lâchent difficilement (en contrepartie d’un flicage en constante augmentation) nous sommes nombreu-x-ses à sentir l’ombre de la prison planer sur nos vies, et à faire des allers-retour entre un « dedans » et un « dehors » qui se ressemblent toujours plus.

Face à cette galère permanente, tous les choix ne se valent pas. Certain-es refusent obstinément de participer à la compétition entre pauvres pour sortir la tête de l’eau, d’endosser l’uniforme ou de construire leurs propres cages, de devenir des citoyenNEs-producteur-consommatrices-délateurs dociles, de se plier à ces vies fades passées sous le soleil noir de la domination. Si les conséquences (potentielles) des chemins de révolte que nous parcourons sont dures, le pire serait d’abandonner nos désirs de liberté. Hardi-es ! Si la prison peut sembler un bâtiment inattaquable, ce n’est pas le cas des maton-nes qui la font fonctionner (qui se font régulièrement bousiller leurs véhicules ou attendre à la sortie…). Les différents responsables des travaux, la directrice du centre pénitentiaire des Baumettes Christelle Rotach feraient moins les fier-es si leurs domiciles et leurs petites habitudes : lieux de loisirs (restaurants, groupes de musiques, club de voile, golf…) étaient visibilisées aux yeux de passant-es attentif-ves (et potentiellement vénères). Faisons à ces crapules la publicité qu’ils méritent.

Par ailleurs, les entreprises qui se font du beurre (100 millions de bénéfices prévus pour le chantier des Baumettes) sur la construction et le fonctionnement des lieux d’enfermement sont souvent de grosses boîtes trouvables un peu partout. En levant le nez au fil des rues, on s’aperçoit que le drapeau bleu et rouge de Vinci (filiale travaux du midi) qui flotte sur les Baumettes trône au dessus de nombreux chantiers (immeubles, lignes à haute tension, tgv, aéroport etc). Au-delà des boites qui participent à ce chantier-ci et pour citer d’autres charognards qui se font de la thune sur notre enfermement: Eiffage qui à Marseille s’est vu confier la mise en place des caméras de vidéo surveillance, Bouygues constructeur du centre de rétention du Canet, ou Sodexo (repas, cantines)… Si chantage à l’insertion et menace de l’enfermement vont main dans la main, pourquoi ne pas remercier également les institutions (CAF, Pôle emploi…) et leurs partenaires du privé (associations, organismes de formation…) qui participent à notre (ré)insertion forcée en assurant le côté « social » de la pacification ? Nous ne les connaissons que trop bien, elles se trouvent un peu partout…

Hors de question de subir ces nouvelles déclarations de guerre en baissant la tête.
Détruisons ce qui nous empêche de vivre !
* 1800 personnes incarcérées pour un peu plus de 1400 places théoriques en 2012.
** Encore récemment, certaines entreprises de la région nantaise, connues pour leur implication dans le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes se sont retirées du marché suite à plusieurs attaques (les affiches et textes anonymes proposant « d’adopter » un sous-traitant auraient-elles fait mouche?).

N°3 – Dans la catégorie crapules : la Soleam

jeudi, mai 26th, 2016

Si on parle beaucoup de la fameuse « inertie marseillaise » qui rendrait les projets d’aménagement plus longs et lents qu’ailleurs, force est de constater que les pelleteuses avancent à grand pas, les décideurs locaux se sentant en retard par rapport à d’autres villes où l’embourgeoisement est plus avancé. Un des acteurs principaux de cette restructuration est la Soléam.

Qui sont-ils ?
Créée en 2010, la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise) est une société publique qui étend son emprise sur Marseille, La Ciotat, Gémenos, Cassis et Tarascon. Émanation directe de la mairie et de Marseille Provence Métropole, son conseil d’administration est truffé d’élus locaux, pour la plupart proches de Gaudin, et son président Gérard Chénoz est adjoint au maire délégué aux Grands Projets d’Attractivité. C’est donc au sein de ce petit cartel, et en lien avec Euromed, que se décide une bonne partie des transformations de la ville.

Que font-ils ?
Aménager-Construire-Rénover, tel est leur slogan. Ça sonne bien, forcément, un peu comme quand on entend « développement durable », « qualité de vie », « rénovation urbaine » ou encore « lutte contre l’insalubrité »…Lorsque l’on vend une marchandise, le principal est dans l’emballage. Dans les faits, la Soleam s’active avec pour objectif de transformer Marseille sur le modèle de ce que doit être n’importe quelle Métropole dans ce monde : compétitive, valorisée, attractive…et pacifiée.

De par ses compétences, la Soleam est grande pourvoyeuse de marchés autour desquels de pressent entreprises du BTP, architectes, urbanistes, paysagistes et autres spécialistes de la communication et de la« concertation publique ».
Parmi la longue liste de ses méfaits, et dans le cadre de son opération Grand Centre Ville (235 millions de budget sur une période s’étalant de 2011 à 2021, mille hectares répartis sur plusieurs « pôles » situés entre Castellane et Saint-Mauront), la Soleam est actuellement à la baguette sur le chantier du futur hôtel de luxe-brasserie-centre de soin, à cheval entre la Canebière et Noailles, mais aussi sur le projet de réaménagement de la Plaine. Dans les deux cas la logique est la même et on ne peut plus claire : toujours plus d’espaces pour le commerce, les bourges et les touristes, toujours moins pour toutes celles et ceux qui feraient tâche dans ce décor. Un double mouvement que la Soleam résume en deux mots : incitation et coercition, et qui entraîne nécessairement d’innombrables démolitions et expulsions accompagnées d’une nuée de flics et d’huissiers pour virer les indésirables.

Où les trouver ?
Le siège social est situé au sein de la marie, et le siège administratif se trouve au 49 sur la Canebière.

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Les flics accentuent la pression dans le centre-ville
Effet logique de l’embourgeoisement du centre, il faut bien chasser d’abord les galériens qui y vivent encore, qu’ils soient habitants ou non. Aussi les patrouilles de keufs à pied et à vélo se multiplient entre Noailles, Belsunce et la Plaine. Récemment, plusieurs opérations ultra-visibles ont eu lieu entre le boulevard d’Athènes et les Réformés: débarquant en force, la flicaille aidée de chiens encercle les terrasses de bar pour contrôler tout le monde, évidemment pour faire peur, chasser les gen-te-s, et pour en embarquer certain-es qui n’auraient pas le bon bout de papier sur eux-elles. Pour aller plus vite, ce sont les commerces qui ne paient pas de mine qui sont directement visés par des contrôles de l’URSAF, en espérant pouvoir les fermer et les remplacer par des boutiques d’un plus haut standing.

N°3 – Brèves

jeudi, mai 26th, 2016

Jolies brèves de printemps…

[Ce qui suit n’est qu’un petit aperçu des brèves de ces derniers mois, qui ont été particulièrement riches de manifs, de ballades sauvages, d’émeutes, de blocages, de sabotages et autres actions directes.]

« Plus de slogans face aux flicards…». Le 25 mars à Paris, une manif part du lycée Bergson et va s’en prendre à deux commissariats, dans les 10ème et 19ème arrondissements, à coups de projectiles divers et de barres de fer. Des commico ont aussi été pris pour cible ces derniers mois à Lyon (vitres défoncées le soir du 10 mai) , Lille (huile de vidange, le 21 avril) et Toulouse (cocktails molotov le 26 avril)…

Les prisons en feu, les matons en miettes! Début mai, la maison d’arrêt de Montauban est prise pour cible. Un véhicule utilitaire, dérobé peu de temps auparavant, est incendié devant le portail d’entrée de la taule. Mi-mars, des mains rageuses avaient défoncé les vitres des voitures de maton-nes du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville. Fin mai à Marseille, trois véhicules de matons des Baumettes sont incendiées devant la prison, et apparemment deux autres avaient été cramés un mois auparavant.

Tagués, défoncés, emmurés, saccagés…On ne pourra pas tous les énumérer (Nantes, Montpellier, Bordeaux, Paris, Valence, Dijon, Rouen, Tulle, Caen, Lyon, Marseille…), tant les locaux du Parti socialiste ont pris cher ces derniers temps. On ne va pas non plus énumérer toutes les raisons qu’il y a pour continuer de le faire.

Le 25 avril, six véhicules appartenant à Toulouse Métropole sont incendiés dans un entrepôt. Fin février c’était les vitres de Toulouse Métropole qui étaient défoncées à coups de marteau.

Une pensée pour les cogestionnaires. Fin mars puis début avril à Paris, deux locaux de la CGT ont perdu leurs vitres, dans les 20ème et 14éme arrondissements. A Toulouse également, le 11 avril, à la bourse du travail, où des tags, de la peinture et une poubelle en feu sont venus saluer le travail de collaboration entre syndicune-voiture-de-police-incendiee-par-des-manifestants-anti-police-a-paris-le-18-mai-2016_5599971ats, État et patrons.

Pôle emploi en prend pour son grade. A Toulouse, Montreuil, Gisors des agences sont visées début mai. Dans le premier cas, c’est avec un extincteur rempli de peinture que la façade est refaite, dans le second, c’est à coups de masse que les vitres sont fracassées. A Marseille, celui de la Belle-de-mai est apparu moins rutilant que d’habitude (panneaux de bois à la place de certaines vitres, borne d’actualisation défoncée…).

La seule église qui illumine est celle qui… Dans la nuit du premier au 2 mai, un tas d’ordure est amoncelé puis mis à feu contre la grande porte d’une église dans le quartier Marengo à Toulouse.
Ni oubli ni pardon. Un siècle après le génocide arménien, alors que l’état turc continue sa sale guerre au Kurdistan (…), le consulat de Turquie à Marseille a été visé par des cocktails molotov la nuit du 20 avril. Tous les pouvoirs sont assassins !

Tout le monde déteste le lundi matin ?
En tout cas, très tôt le 9 mai, les voies du tramway et les accès au périphérique parisien à la porte de Pantin ont été bloqués à l’aide de barricades faites de pneus et de matériel de chantier, le tout enflammé. Du ciment à prise rapide a également été déversé sur les rails pour parachever ce joli blocage matinal. À Nîmes la même nuit, un incendie volontaire détruisait en partie un train dans un dépôt SNCF. Le 19 avril à Noisy-le-sec (93), les trafics du RER E et d’une ligne de transilien sont interrompus pendant plusieurs heures suite à ce que la SNCF appelle « un acte de malveillance ». Fin mars à Rennes, c’est le métro qui a été stoppé net par quelques chaises balancées sur les rails. Fin mai, toujours à Rennes, une action coordonnée pour mettre hors-service les portiques du métro au petit matin est malheureusement stoppée par les condés. De l’imagination…

«Assasins». C’est un des tags qui a recouvert un centre de recrutement de l’armée à Besançon mi-avril. Étaient également inscrits, sur un mur en face et contre une église à côté : « A bas l’armée » et « Qu’ils soient de Dieu ou de l’État… A bas tous les soldats ! ».

Vive la belle et la solidarité ! Dans la nuit du 8 au 9 mai, trois personnes enfermées au centre de rétention de Nîmes parviennent à scier les barreaux et à s’enfuir. La veille, une centaine de personnes déterminées s’étaient rassemblées devant le CRA, contre l’enfermement et les frontières. À Marseille, une voiture de Cofely – gdf suez (construction de centres de rétention) est incendiée « en réponse aux destructions et aux attaques contre la jungle de calais » (début mars). Mi avril, le local des fachos de l’Action française (14 rue Navarin) se faisait saccager lors d’une manif nocturne.

Beau comme une bagnole de flics qui… Le 18 mai, les médias nous assomment de sondages prétendant que « 80 % des fRançais aiment la police » (parmi ceux et celles qui ont la nationalité, acceptent de répondre sans s’étouffer en entendant la question). Alors que place de la République à Paris, des centaines d’uniformes paradent contre « la haine anti-flics », une partie des 20% restant crame une bagnole de keufs à quelques rues de là. Les flics revanchards ont arrêté quatre personnes dans la foulée, inculpés de «tentative d’homicide », aidés par la multitude d’images ayant été prises sur place (par des journaflics et trop souvent par des amateurs, manifestants ou pas). Que les personnes arrêtées soient «coupables» (ou même «innocentes») n’est pas la question, exprimons une solidarité offensive en continuant de combattre ce monde de fric et de flics.

N°3 – Dérailler

jeudi, mai 26th, 2016

[deraje] v.I. -1. Sortir des rails. 2- Familier : fonctionner mal ; se dérégler. 3. S’écarter du bon sens, (synonyme : déraisonner, divaguer)

weiis-fillejetseauEmbouteillage géant, échappatoire zéro. Je crève d’envie de mordre le volant, jeter la tête en arrière, hurler, courir…Défoulement éphémère_ô combien jouissif_de cette frustration sauvage, contenue. À chaque fois le cri monte de mes tripes, étreint ma cage thoracique et reste bloqué derrière mes lèvres… et je mesure la profondeur du dressage, tout ce qu’il a fallu araser, canaliser chez chacune des milliers de personnes prises dans ce flux pour en faire ces dociles automates fonçant à toute allure dans la même direction ou capables d’encaisser cette situation anxiogène sans péter une durite, partir à pied, se défouler sur le premier radar ou uniforme venu. Route des vacances, route du turbin, même combat.

Jour après jour, l’économie nous vole notre temps, la marchandise et ses « loisirs de masse» tend à nous déposséder de nos désirs et de nos rêves, les prothèses technologiques envahissent et n’en finissent plus d’appauvrir les relations… Jour après jour l’alcool, les drogues, calmants, servent d’étouffoir à la rage et à la frustration, amputent et bousillent les trop vivant-es, brouillon-es, sensibles pour mieux garder intacte cette société mortifère. Jour après jour les sangsues religieuses tentent d’incruster leurs préceptes autoritaires, homophobes, patriarcaux et sexistes jusqu’au fond de nos cerveaux. Les paradis qu’ils nous promettent ont tous le sale goût du mensonge et de la résignation . Jour après jour les médias, l’école et autres larbins du pouvoir (…) tentent de formater notre regard sur « le monde », d’ imposer une vision de l’histoire qui nie la continuité des actes d’insoumission, révoltes et rébellions qui ont tenté au fil des lieux et des époques de saper toute autorité. Sous la plume de ces chacals, des attaques ciblées deviennent des « actes isolés », les révolté-es des « déséquilibré-es », ou des «casseur-euses », la lutte contre un projet de la domination un « cancer » à éradiquer. Selon eux, la seule violence acceptable est celle que l’ État exerce au quotidien pour maintenir son contrôle, violence complétée par d’autres formes de répression d’autant plus difficiles à identifier et affronter qu’elles sortent des lieux d’enfermement pour prendre, entre autre rouages sociaux la voix de nos « proches ». Sous prétexte d’inquiétude, ce sont elles et eux qui se font souvent les meilleurs relais de la domination, nous priant de rester dans le rang, ne pas faire de vagues, baisser la tête, obéir aux patron-nes et aux uniformes (…). Que le travail nous bouffe notre temps, notre intelligence et notre santé, que le couple (« obligatoirement » hétérosexuel, exclusif et amené à se reproduire) nous oppresse, atrophie notre individualité, étouffe nos sentiments (…) importe peu. Ils et elles tentent, sous prétexte d’amour (et par tous les moyens possibles) de nous faire rentrer dans le rôle que la société a prévu pour nous, de nous insérer. Aliénation, chantage affectif, menaces et violences de toute sorte, camisole chimique, mise sous tutelle, enfermement… Gare aux volontés rebelles ! Les enfants qui refusent de se soumettre au dressage parental sont qualifié-es de « capricieux-ses » ou « d’hyperactifs » (et cachetonné-es), les femmes qui bataillent contre le sexisme (…) facilement traitées de « folles » ou d’« hystériques ». Pour qu’il ne reste aucun doute, les blouses blanches définissent « au nom de la science » ce qui est sain et ce qui est pathologique. Ces crapules utilisent leur légitimité de spécialistes pour tenter de faire porter à celles et ceux qui ne désirent ou ne parviennent pas à s’insérer la responsabilité de leur « inadaptation ». Si on les écoute, souffrir de subir cette société autoritaire, déborder d’une énergie déraisonnable, se révolter, refuser de faire profil bas devant keufs, vigiles et juges (ils appellent ça « trouble de l’autorité ») serait pathologique.

Il paraît que l’infiltration de l’État dans chaque parcelle de nos vies et de l’économie dans chaque parcelle du vivant (et vice versa), la dépossession de nos conflits, la perte d’autonomie alimentaire, le fait d’être tenus dans l’ignorance absolue de nos corps (…), sont des «progrès ». Le fait de vivre en laisse, sous la perfusion et la surveillance permanente de l’État et de la « communauté sociale » (…) serait le seul chemin possible. Des siècles de développement industriel et de rapports de domination amputent notre imagination, laissent des traces indélébiles jusqu’au plus profond de nos intimités, ont un impact durable sur nos corps et sur l’environnement mais la suite ne ressemble pas forcément à cette autoroute que religieux, scientifiques, industriel-es, prétendent tracer devant nous.

Nous n’avons qu’une seule vie, et le compteur tourne. Là où tout pousse à étouffer notre sensibilité pour réduire la souffrance que ce monde nous inflige, rogner notre intelligence, se bricoler des en-dehors et s’enorgueillir peut-être, un jour, d’avoir atteint « l’âge de raison », nous voulons donner à nos existences l’impulsion qui les ferait déborder, tumultueuses, de leurs costumes étroits. Le chemin est long, il y a beaucoup à désapprendre et à inventer pour tenter (et tant pis si c’est maladroit) d’apprivoiser la multitude de sentiments qui affleurent quand se fendillent les camisoles chimiques et sociales, quand on arrête d’être « présentables » pour laisser vivre nos émotions. Il semble bien que le premier pas, vertigineux, soit de s’émanciper des vendeurs d’illusions, des rapports toxiques, des relations qui nous entravent, nous empêchent d’interroger ce que nous aimerions vivre, pour se positionner enfin au centre de nos existences. Tenter de détruire, passionnément, tous les carcans.

N°3 – Toulouse: la Dépêche attaquée par des meufs vénères

jeudi, mai 26th, 2016

Nues, ivres ou isolées, nous ne sommes pas des proies

Dans la nuit du 28 au 29 avril, les locaux de la Dépèche Intéractive ont été attaqués.

La Dépèche n’est pas une forteresse inattaquable. Tous les grands groupes ont leurs faiblesses, à nous d’être inventives, rusées et suffisemment perspicaces pour les trouver. La Dépèche Intéractive est une branche du groupe La Dépèche. Cela suffit à nous en faire une cible.

Les raisons de nuire aux médias ne se comptent plus. C’est même un discours plutôt répandu chez celles et ceux qui ont compris que l’opinion publique ne sera jamais notre amie. Cette attaque est une réaction à la publication d’un article propageant l’idée que « nous, femmes » créons les conditions de nos agressions, en n’incarnant pas le modèle faconné par les désirs des hommes, qui nous veut silencieuses, soumises, obeissantes, et objet de consommation.

Les marteaux qui cette fois visent des vitres – comme ils pourraient viser des têtes – arment notre rage envers toutes celles et ceux qui renforce la culture du viol. Cette action est une foulée de plus dans le chemin sans fin de notre libération de toutes les oppressions. Nous ne le repeterons visiblement jamais assez, le viol n’est pas l’acte isolé d’un dangereux individu qui guetterait au coin d’une ruelle, mais bien, sinon une arme, souvent la menace et la punition corrective pour toutes les meufs qui ont fait de la rebellion leur vie ou simplement cherchent à sortir de la cage qu’est le patriarcat. Et c’est toujours le reflet d’un monde qui envisage les femmes comme des objets à soumettre.

Les medias nous instrumentalisent pour distiller la peur, en creant un besoin de sécurité auquel il faudrait répondre, dans l’urgence, par toujours plus de contrôle sur nos vies, de cameras, de relevés ADN. Illes ne cherchent pas à nous protéger, ce discours est un leurre pour augmenter leur domination.
Nous ne voulons pas déleguer notre protection, mais essayons de nous organiser pour nous defendre, et attaquer est une façon de le faire.

Sous entendre, comme le fait Jean Cohadon dans son article, que l’alcool et la drogue sont des problèmes récurrents chez les meufs qui ne peuvent être dissociés des viols et autres agressions dont elles font l’objet, c’est tenir leurs jambes écartées pendant que les bourreaux font leurs affaires. Ce journaleux médiocre, passionné de faits divers et d’intervention policières et un des milliers de complices impuni.e.s auxquel.le.s personne ne songe, ou n’ose, s’attaquer. La Dépèche, publiant son article dans leur torchon infâme, en est une autre.

Nous nous organisons, entre meufs, pour qu’un jour nous ne nous en prenions plus seulement à des vitres et à des murs mais bien aux gens et gentes qui se cachent derrière, et qui sont celles et ceux qui font l’objet de notre haine. Nous voulons qu’illes aient peur, qu’illes sachent que leurs agissement ne resteront pas toujours sans réponse. Nous voulons qu’illes pensent à toutes ces meufs vénères qui les guettent au coin d’une ruelle, et qui rêvent d’un jour leur enfoncer un marteau dans le coeur. Illes veulent nous rendre responsble des horreurs qu’ils nous font subir, nous voulons que la peur change de camp.

Cette action est dédiée à toutes les meufs énervées, nous esperons par là chauffer vos coeurs.

Que les actions contre le patriarcat se multiplient !

A vos marteaux… Prêtes ? Partez !

[Communiqué repris d’indymédia Nantes]