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L’Etat nous observe…

mardi, décembre 5th, 2017

DES PROMENEUR-EUSES ATTENTIF-VES ONT CONSTATÉ L’APPARITION D’UNE SÉRIE DE POTEAUX ENRUBANNÉS DE GRIS (FUTURS PORTEURS DE CAMÉRAS DE VILLE) DANS PLUSIEURS QUARTIERS DE MARSEILLE .

A la Belle-­de-­Mai, cette floraison malvenue a pris une ampleur particulière (les points sur le plan en donnent une idée). Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. L’intérieur des poteaux est resté ventre à l’air durant l’été : les débats allaient bon train entre sceptiques persuadé­es que l’entreprise qui fournissait leur garniture (disjoncteurs et câbles) était en rupture de stock (vu le nombre qui sont installées partout cela n’aurait rien d’étonnant), optimistes ayant remarqué que certains mâts semblaient noircis… (une résistance de basse intensité retarderait les travaux ?!) et pragmatiques convaincu­es qu’il s’agit de deux
phases distinctes (probablement confiées à des entreprises différentes). Ça rigole moins, maintenant. Après cette première phase, relativement longue : mise en place des poteaux et du boîtier qui les accompagne à l’extérieur, souvent tamponné Enedis, creusage des tranchées pour les câbles d’alimentation électriques et la fibre optique est venue la seconde. Du jour au lendemain une bonne partie des dômes (Samsung) ont été mis en place.
Mais même opérationnelles, ces instruments du pouvoir se font régulièrement attaquer (et mettre hors d’état de nuire).

Crevons lui les yeux !

Avis au séducteur

mardi, décembre 5th, 2017

Avis au séducteur PDF

FAN CLUB.

mardi, décembre 5th, 2017

A force de le voir étaler sa bile dans le torchon local, on a eu envie de présenter un peu mieux le sinistre Denis TROSSERO (« D.T », photo ci­-contre), grand adepte des salles de tribunal, jamais avare d’un « bon» mot quand il s’agit de prendre fait et cause pour les charognes en uniformes, ou de ridiculiser les prévenu­es. Faire la liste des articles commis par ce journaliste qui sévit depuis près de trente ans serait beaucoup trop long et énervant. Un petit florilège pour illustrer le propos? le 19 novembre 2016, D.T signe un texte intitulé « Marseille, la « ‘police des polices » enquête sur un viol en perquisition » qui brille par son sexisme crasse. D.T y reprend les mots du policier qui qualifie de « relation éphémère » le viol dont il est accusé. Plus récemment; il est l’auteur d’une série de textes qui insistent sur les liens entre psychiatrie et prison. L’article « Marseille: il sort son sexe chez le juge et manque de finir au trou »(26/08/2017), plein d’un racisme à peine dissimulé est particulièrement dégueulasse. À défaut de contenu, le chef du service « justice et faits divers » de La Provence se permet une humiliation en règle, jouant à l’envie avec le nom de la personne jugée… mais tout ça pour dire quoi exactement? Sale petit scribouillard ! On espère te voir privé de théâtre, le jour ou certain­es de tes lectrices se trouveront dans une salle d’audience, ou mieux, remercié chaudement au hasard des rues. Ce serait la moindre des
choses.
Quand il n’écluse pas les salles de tribunal ou les commissariats, D.T est trouvable à l’école de journalisme et de communication d’Aix­Marseille : Ejcam (il y est responsable du DU Presse magazine. C’est possible de l’y contacter: denis.trossero@univ­amu.fr) ou à l’institut de criminologie méditerranéen où il est nouvel enseignant. Alors que certain­es s’enorgueillissent d’utiliser la presse locale afin de « parler au grand nombre » et défendre leurs près carrés, il semble opportun de rappeler le rôle que celle-­ci assure dans la perpétuation de l’ordre existant.

N°6 _ PDF

mardi, juillet 4th, 2017

N°6 – PDF

N°6 _ La « semi liberté » n’existe pas, détruisons toutes les prisons.

mardi, juillet 4th, 2017

Elles disent, ces crapules, « qu’on peut juger une société à l’état de ses prisons. »…

Nous rétorquons « une société qui a besoin d’enfermer est elle-même une prison ».

La construction de trente trois prisons (officiellement 16 000 places) a été annoncée fin octobre 2016. Dans le Sud-Est cela représente huit taules (1). Si tout se passe selon les plans du pouvoir, une maison d’arrêt et un quartier de préparation à la sortie viendront compléter le maillage déjà dense à Marseille : maison d’arrêt des Baumettes, centre de rétention du Canet, Établissement Pénitentiaire pour Mineur-es de la Valentine, UHSI (hôpital prison) et futur UHSA (hôpital psychiatrique-prison) ; cela sans compter le restant des hôpitaux psychiatriques. La justice enferme plus, et plus longtemps : 69 000 personnes se trouvent derrière les barreaux contre 47 000 en 2001 (2). Le ministre ose affirmer que les nouvelles prisons permettront « l’augmentation de l’encellulement individuel » et « l’amélioration des conditions de détention ». Les taules qui débordent aujourd’hui ont été construites avec les mêmes arguments. Au delà de leurs mensonges et autres discours « humanistes », c’est l’existence de prisons qui est insupportable. Le fait que des individu-es soient parqué-es, contraint-es par des tonnes de béton et des salopards d’uniformes, privé-es d’air et de lumière, de chaleur et de tendresse (…) en dit long sur cette société : une prison à ciel ouvert. Je ne veux pas minimiser les différences entre « dedans » et « dehors », mais simplement dire qu’il n’y a pas de liberté possible à l’ombre d’une prison. Du mitard au bracelet électronique, du « sursis » aux travaux d’intérêts généraux, des jours-amendes au contrôle judiciaire, des cours de promenade aux murs de la ville (…) c’est le règne de la carotte et du bâton : y a toujours un degré d’enfermement plus strict pour foutre la trouille, ou quelque chose à espérer pour celles et ceux qui « jouent le jeu». Et si on lui sciait les barreaux, à l’échelle de peine misérable qui voudrait forcer chacun-e à se contenter en permanence du « moins pire » ?

L’État construit de nouvelles cages. Le « bien-être » des prisonnier-es n’a rien à voir là-dedans. Il tente d’enfermer de manière plus « sécurisée » (automatisation et vidéosurveillance à tous les étages, diminution des contacts entre détenu-es…) afin de limiter les incidents, mutineries, évasions (…) qui traversent les zonz’ en permanence. Cerise sur ce gâteau moisi: une base pour l’ERIS (équipes régionales d’intervention et de sécurité) est en projet à Aix-Luynes. Dans une période toujours plus instable, les dirigeant-es étendent et perfectionnent l’ensemble de leur arsenal répressif (prolifération d’ uniformes toujours plus matossés, lois sur la « légitime défense »…). Ils se donnent ainsi les moyens d’imposer des réformes impopulaires, la remise en cause ou la disparition du « modèle social », des énièmes restructurations du capitalisme aux millions de personnes qui rament déjà pour bouffer. Leurs buts sont clairs : garder le monopole de la violence ; serrer la vis aux révoltée-s et galérien-nes qui seraient tenté-es de se servir directement dans l’étalage des richesses ; forcer l’ensemble des indésirables à respecter la loi et la propriété (foutus piliers de ce monde de domination et d’exploitation)…

Pour maintenir leur pouvoir sur nos vies, ces charognes comptent sur la force brute, l’adhésion et la collaboration d’une partie de la population mais aussi sur la résignation et l’apathie générale. Comme si les rapports autoritaires étaient inévitables et que la démocratie et le capitalisme représentaient les seuls horizons ! Pourtant, dès qu’on cesse de l’analyser à partir du discours des médias ou des mots de l’État, cette période n’a plus l’air si uniforme. Malgré la présence de sales relents réactionnaires (patriotisme, religion…), la militarisation et la rareté d’imaginaires subversifs, offensive et fils de luttes autonomes (3) n’ont jamais cessé d’exister. L’ année dernière a été riche de ces étincelles, de moments où le ronronnement démocratique a semblé quelque peu ébranlé (bordel contre la « loi travail», explosions de colères liées au viol de Théo par les flics, mutineries, attaques individuelles et collectives qui sont venues perturber la mascarade électorale…). Ces éclats de révolte ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Que tenter alors pour provoquer, multiplier et donner du souffle à ces moments où la normalité se craquelle, afin que leurs contenus s’étoffent pour aller bien au-delà d’une catégorie de la population, de la contestation d’une réforme (loi) particulière ou d’une infrastructure de la domination, pour tenter de remettre en cause l’ensemble de ce monde de merde ?

L’État veut toujours plus de taules… Les communiquant-es qui nous les présentent comme inéluctables « oublient » souvent de préciser qu’il faut dix ans pour ériger une prison sur un nouveau terrain. Il peut s’en passer des choses, dans un tel laps de temps ! À ce qu’on sait l’emplacement de la future maison d’arrêt marseillaise n’a pas encore été trouvé. C’est une des phases délicates pour l’APIJ (agence pour l’immobilier de la justice) forcée de se « planquer » pour éviter le rejet de la population, souvent justifié par des arguments dégueulasses. (Même les ardent-es défenseur-euse-s de la prison ont rarement envie de vivre à côté.) Nul besoin d’être couillu (4), expert-e ès sabotage, fort-e, tête brûlée, jeune et/ou valide pour signifier dès maintenant l’hostilité qu’elles méritent à ces ordures. Qui sait ce qui pourrait advenir si l’existence de la prison débordait les murs, si les (futur-es) uniformes étaient sûr-es de se faire emboucaner, si les entreprises qui participent à ces projets infâmes étaient identifiées et attaquées en tant que telles (5)?

Le sens de toutes ces tentatives, petites et grandes, ne dépend pas uniquement de leur résultat. En reprenant de la prise sur ce qui nous entoure, en faisant résonner nos idées et manières de lutter nous expérimentons des relations réciproques, basées sur le partage d’idées et de perspectives, et nous sentons palpiter nos existences, notre goût de vivre et rêves de liberté…

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Notes:

(1) 6 nouvelles maisons d’arrêt seraient implantés à Marseille, Toulon, Grasse, Nice, Avignon, Ajaccio, et deux quartiers de préparation à la sortie (QPS) à Marseille et Nice

(2 ) Sans compter les nombreuses peines dites « alternatives » (bracelets électroniques, semi-libertés, contrôle judiciaire, TIG etc).

(3) des partis, des syndicats, des médias… voir encadré machine à expulser!

(4) Contrairement à bien des idées reçues l’habileté, la perspicacité, l’hardiesse, la force ou la colère n’ont rien à voir avec la forme de nos organes génitaux. Une spéciale dédicace à tous-te-s celles et ceux qui se révoltent et ne correspondront jamais au cliché du gros guerrier viril (et accessoirement hétéro).

(5) À Orgères (Bretagne), des tags hostiles sont venus décorer la mairie, la veille du conseil municipal qui devait statuer sur l’attribution d’un terrain à l’APIJ. [Impossible de savoir si cela a eu un impact, mais l’implantation de la taule a été refusée.]

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Baumettes 3 : un chantier chasse l’autre.

Le n°3 du journal s’attardait sur Baumettes 2, chantier confié à VINCI concernant la destruction/construction de bâtiments pour la maison d’arrêt des femmes, ainsi qu’une nouvelle aile pour les détenus en préventive. Leur mise en service a finalement eu lieu, retardée par plusieurs grèves de gardien-nes réclamant des embauches supplémentaires. 700 détenus ont été transférés dans les bâtiments neufs mi-mai. Les fameuses cellules « individuelles » accueillent déjà deux personnes…. Le sinistre Urvoas, déplacé pour l’imauguration, a annoncé un nouveau chantier. Baumettes 3 concernera la destruction des derniers bâtiments des Baumettes « historiques » remplacés par une maison d’arrêt pour hommes neuve. Pendant la durée des travaux, une partie des prisonniers sera transférée à Aix-luynes 2 et Draguignan, actuellement en fin de construction. Le tout devrait être terminé en 2021 (d’autres sources parlent de 2023).

Les triples-P – Les opérations à venir seront réalisées par le biais de partenariat public-privé (PPP) : « contrats par lesquels l’État confie à un tiers (…) une mission globale ayant pour objet le financement, la construction ou la transformation, l’entretien, la maintenance, l’exploitation ou la gestion d’ouvrages, d’équipements ou de biens immatériels nécessaires au service public.» Autrement dit : l’État délègue le financement, la construction et la gestion à des entreprises qui se remboursent en percevant un loyer et en rackettant les prisonnier-es (cantines, travail.)… Il les rentabilise à fond, évidemment !

Comment ça se passe? l’Agence pour l’Immobilier de la Justice (APIJ – ministère public) lance un appel d’offre accessible uniquement aux ténors du bâtiment (pour postuler il faut avoir un gros chiffre d’affaire. En général : Bouygues, Vinci, Eiffage ou Spie batignoles). Ceux-ci ont plusieurs mois pour présenter projets et groupements d’entreprises qui seront sélectionnés, ou pas. L’entreprise choisie pour diriger la construction est appelée « maître d’ouvrage».

Le cabinet VOXOA (tristement connu pour avoir participé à la construction de la maison d’arrêt de Valence) a été désigné pour aider l’APIJ à choisir le futur maître d’ouvrage. Celui-ci, désigné au cours du premier semestre 2017, aura 43 mois (1) pour fournir à l ‘État une taule « clés en mains » (de la constitution de dossier aux autorisations administratives, des études de conception et d’exécution à la réalisation des travaux et l’aménagement du bâtiment…). Après les groupements dirigés par Eiffage (destruction des anciens bâtiments de la Maf ) et Vinci (construction et exploitation de « Baumettes 2 ») reste à voir quelles nouvelles entreprises pour faire leur beurre sur l’enfermement !

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Notes:

(1) tu trouves peut-être bizarre que ça aille « si vite » , alors que je disais dans l’autre texte que la construction d’une prison prend en général 10 ans. Une des raisons qui explique cette grosse différence c’est que dans le cas des baumettes 3 le terrain est déjà là.

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Du bordel !

Fin mai, on apprend par le torchon local que les incidents se multiplient depuis trois jours aux Baumettes « historiques »: ça a commencé le 28 avec un blocage de cours de promenade (refus de regagner les cellules). Le fait que l’ERIS (bande de molosses cagoulés chargés de mater les révoltes en détention) ait été envoyé n’a pas empêché un début de mutinerie à un étage le 29 et un nouveau blocage de promenade le 30. Selon les mange-merde des médias la colère viendrait du fait que depuis mi-mai (mise en service de Baumettes 2), les parloirs, la gestion des cantines (racket organisé qui fait que les détenu-es vont acheter des produits de consommation courante en payant une fortune) et des télés ont été confiées à des entreprises privées qui font n’imp’ et rendent le quotidien encore plus difficile… Ne laissons pas ces actes de révoltes isolés (ni les individus qui seraient poursuivis!)

Foutage de gueule. Comme d’habitude, les gardien-nes ont sauté sur l’occasion pour se plaindre et demander (par la voix des syndicats CGT et SPS – syndicat pénitentiaire des surveillant-es) plus de moyens pour faire leur sale boulot. Avec un peu de patience il-les pourront aussi accéder à un numéro vert (à gestion déléguée au privé) qui aura pour but « la mise en relation téléphonique entre un personnel en détresse psychologique et un psychologue clinicien non pénitentiaire». On leur souhaite bien du malheur !

Si tu as des infos sur les Baumettes: entreprises qui font travailler des détenu-es, ou qui gèrent parloirs, cantines et télé (mais aussi la blanchisserie…) ou sur les taules en construction (communes qui sont sur le coup, entreprises engagées dans des candidatures…) hésites pas à balancer un mail on se fera un plaisir de les relayer dans les numéros suivants.

N°6 _ « Liberté pour tou-te-s, avec ou sans-papiers ! »

mardi, juillet 4th, 2017

 Bref retour sur une lutte contre la machine à expulser

Pour faire suite à quelques-unes des questions posées dans le texte sur la prison (voir ci-contre), il nous semblait intéressant d’illustrer ce que nous entendons par « luttes autonomes ». Les lignes qui suivent n’ont pas la prétention de dresser un tableau exhaustif de la lutte en question, mais d’en partager certaines facettes riches de possibilités.

Cette lutte contre la machine à expulser ne sortait pas de nulle part. Elle succédait à plusieurs années foisonnantes d’agitations contre les frontières, l’enfermement des personnes migrantes (et l’enfermement tout court) et était nourrie de réflexions et d’analyses sur les tentatives précédentes et leurs « limites ».

C’est au milieu de ce contexte particulier et au lendemain de la mort d’un détenu qu’intervient l’incendie du centre de rétention de Vincennes en juin 2008. Incendie qui entraîne une baisse conséquente du nombre de rafles et un souffle de liberté considérable. Beaucoup ont accueilli la nouvelle avec un large sourire. Dans les mois qui suivent d’autres centres de rétention sont secoués par des révoltes incendiaires, comme celui de Nantes et du Mesnil-Amelot (2008), celui de Bordeaux (2009) ou du Canet à Marseille (2011), sans compter les multiples protestations et évasions…

Cette succesion de révoltes à l’intérieur des CRA alimente des colères déjà vives… Des manifestations plus ou moins larges se dirigent régulièrement vers les centres de rétention pour visibiliser ces camps pour étranger-ères et gueuler un désir de liberté avec les personnes détenues, des réseaux d’alerte tentent de perturber voir d’empêcher les rafles, des interventions ont lieu dans les aéroports pour bloquer les « reconduites à la frontière » (en incitant les passagers à refuser d’embarquer par exemple), des « balades » ont lieu dans certains quartiers contre toutes les expulsions, ainsi que des tables de presse, diffusions itinérantes de tracts…

Durant cette même période est lancée une proposition qui rompt avec les logiques basées sur des revendications adressées à l’Etat (amélioration des conditions d’enfermement, régularisation totale ou partielle, fermeture des CRA…), ou axées sur un strict « soutien aux sans-papiers » (en lutte ou non) ; et sort radicalement des mécanismes de composition avec les charognes institutionelles de gauche. Il s’agit de semer des grains de sable dans la machine à expulser, à travers l’action directe et l’auto-organisation.

De nombreux textes publiés alors insistent sur le fait que l’État, à travers la Police aux Frontières (PAF), ne fait pas le sale boulot tout seul. Des rafles et arrestations dans la rue et les transports (avec le concours des entreprises comme la RATP) aux traquenards montés dans les administrations (comme l’OFII, les préfectures et Pôle Emploi) et les banques, des « zones d’attente » dans les aéroports aux centres de rétention (1), la machine à expulser des personnes considérées par l’État comme étant « indésirables » compte de multiples rouages. Elle nécessite toute une logistique, qui elle-même a besoin d’une longue liste de participants et de collaborateurs. Ceux-ci ont été disséqués et rendus publics. En prenant ainsi le problème, on cesse de le voir sous un angle unique (les CRA comme structures à part, les rafles comme arrestations spéciales, les frontières comme simples bordures extérieures…) et on élargit le spectre des interventions possibles. En effet, les acteurs de la détention et des déportations se trouvent un peu partout, et dans différents domaines de l’exploitation, du contrôle, de la domination et de l’enfermement. Autant de raisons de leur manifester notre hostilité…

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Pour en revenir à Vincennes, plusieurs personnes accusées de l’incendie de 2008 ont été jugées et condamnées en janvier 2010. Un mouvement de solidarité s’est déployé à cette occasion, s’inscrivant dans la continuité de cette proposition. Une solidarité qui s’est manifestée dans de nombreuses villes et de plein de manières différentes, des tags, affiches et banderoles posé-es dans la rue, des manifs, balades sauvages et occupations d’agences en plein jour aux attaques et sabotages nocturnes, toujours en ciblant quelques-uns des participants à l’enfermement, aux expulsions et à l’exploitation : des associations intervenant dans les CRA, des banques, des agences intérim, la Poste, les hôtels Ibis, la Croix-Rouge, Carlson Wagon-Lits, Air-France, Bouygues, la SNCF…et bien d’autres.

Aujourd’hui comme hier (et malgré les tentatives de l’État de briser individus et offensives) il y a toujours autant de sens à saboter les rouages de la machine à expulser, à entamer des parcours de lutte proposant l’auto-organisation et défendant une perspective claire et nette: la liberté pour toutes et tous.

N°6 _ « Poulets rôtis, prix libre »

mardi, juillet 4th, 2017

Pouvait-on lire le 18 mai 2016, quai de Valmy à Paris. Ce jour-là une manif contre un rassemblement de policier -es croise une patrouille sérigraphiée qui est défoncée et incendiée sur le champ. Cette fois-ci, contrairement à ce qui se passe tous les jours, ce sont les uniformes qui doivent prendre la fuite, en abandonnant derrière eux la carcasse fumante de leur outil de travail. S’il n’y a pas d’arrestations immédiates la réponse de l’état est rapide : cinq personnes sont arrêtées dans les heures et les jours qui suivent, dont quatre accusées d’avoir été présentes aux abords de la manif. Deux d’entre elles sont placées en préventive (l’un est sorti en juillet 2016, l’autre en mars 2017, tous deux sous contrôle judiciaire). En juin 2016 deux individus seront arrêtées en marge de deux manifestations différentes, puis en février 2017 lors d’une perquisition. Ces trois dernières se trouvent encore en préventive aujourd’hui. Après avoir lancé (en vain) une série de convocations, les juges Lucie Berthezene et Aline Batoz ont clôt le dossier d’instruction fin mai. Neuf camarades devraient être jugées par un tribunal correctionnel dans les mois qui viennent, accusé -es de participation à un attroupement armé ; et pour six d’entre elles et eux de violences (ayant entraîné des ITT supérieure à 8 jours) sur les flics et d’avoir « détruit par l’effet d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes un véhicule de police ». (à quoi s’ajoute un refus d’ADN pour l’un des accusés)

Laissant au charognes en toges et à leur souteneurs les catégories d’« innocent » et de  « coupable », et à chacun-e le soin d’imaginer les raisons qui poussent certain -es à attaquer la police, nous avions envie de partager quelques échos à ce beau geste. La plupart des communiqués trouvés sur internet situent ces attaques dans une conflictualité sociale plus large et envoient des saluts solidaires à d’autres compagnon -nes incarcéré -es en France ou ailleurs.

En mars et avril 2017 deux rassemblements ont eu lieu devant la taule de Fleury-Mérogis (où sont incarcéré-es certain-es des inculpé-es). L’un et l’autre ont réuni une cinquantaine de personnes, et ont perturbé plusieurs heures durant le train-train macabre de la zonz’ (échanges de cris et de sloggans avec les emprisonné-es « les prisons en feu, les matons au milieu » « flics, matons, militaires, qu’est-ce qu’ils feraient pas pour un salaire (ou devenez tous suicidaires) » « Solidarité avec les inculpé-es des voitures brûlées » « Crève la taule » (etc etc) ainsi qu’une banderole « Solidaires dans la lutte, solidaires face à la répression. À bas toutes les prisons !»

***

Le 10 février entre Livron et Allex (Drôme), des « rats des champs » incendient deux caisses du front national et laissent un « sale facho » sur la façade. A Toulouse la même nuit ce sont une voiture d’agence immobilière et un tractopelle Eiffage (constructeur de prisons) qui se consument d’un feu solidaire. Fin février à Marseille, un DAB est cramé (la poste rue Lacédémone) le communiqué envoie « Un salut plein de chaleur à toutes les personnes qui sont descendues dans les rues ces dernières semaines (et avant !) pour s’attaquer à la police, à la justice, et à ce qui leur pourrit la vie de façon plus générale ». Mi mars à Grenoble, ce sont deux banques qui sont défoncées en solidarité. Fin avril à Rennes (35), des « noctambules » attaquent deux églises à coup de marteaux « nous crachons sur leur vision de la famille, du couple et de la sexualité ». À Bagnolet (93) début mai, un utilitaire Vinci part en fumée tandis que d’autres profitent d’un relatif sursis (« Un utilitaire sodexo (gère la bouffe dans de multiples taules), une voiture ENGIE ( dont la filiale GEPSA est le partenaire privilégié pour la gestion des taules), et une JC decaux (qui, en plus de nous imposer des pubs a chaque coin de rue, exploite les prisonniers en les faisant réparer des velib’) nous ont fait de l’oeil, mais en manque d’allume feu nous avons crevé leurs pneus (…). On reviendra plus matossé-e-s »). Le 19 mai à Rennes (35), un utilitaire d’Enedis sert de bougie d’anniversaire… « On avait aussi une pensée pour la personne que les flics soupçonnent d’avoir jeté le fumigène et qu’ils cherchent toujours. ¡Huye, hombre, huye ! ».

Ne laissons pas la justice se faire en silence. La solidarité c’est l’attaque!

N°6 _ Combustion -versus- réinsertion…

mardi, juillet 4th, 2017

[communiqué trouvé sur indymédia nantes]

Dans la nuit du 28 au 29 mai, nous avons incendié deux véhicules sur le parking de l’entreprise Atout Bois (49 avenue Anatole France), et tagué sur le mur à côté Le travail ne rend pas libre et Nique la Justice.

A en croire ses intentions, cet établissement, administré par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), protège et accompagne les jeunes pris dans les griffes de la Justice.

Obéis à un patron, soumet toi à la hiérarchie, respecte l’autorité, reste dans le chemin de la loi, accepte la main-mise d’un juge sur ta vie : l’avenir radieux du salariat s’ouvre à toi. Débrouille-toi par toi-même, refuse les règles que tu n’as pas choisi, refuse d’être un maillon au bout de la chaîne de la production, d’être corvéable à merci, rebelle toi, et d’un commun accord, ces bienveillants tuteurs de ta vie (juges, éducs’, patrons) t’ouvriront grand les portes du pénitencier.

Le travail et la prison sont deux piliers essentiels du contrôle social, nécessaires à la reproduction d’un monde basé sur l’autorité et l’exploitation.

Le travail est la meilleure des police et la réinsertion un chantage. Le sabotage enraille la machine de l’exploitation et libère du temps.

Nous faisons le pari qu’il y a bien plus de joie dans la révolte que dans une vie de soumission.

Liberté pour les inculpés dans l’affaire de la voiture de flics brulée le 18 mai 2016.

Liberté pour tous. »