N°6 _ « Poulets rôtis, prix libre »

Pouvait-on lire le 18 mai 2016, quai de Valmy à Paris. Ce jour-là une manif contre un rassemblement de policier -es croise une patrouille sérigraphiée qui est défoncée et incendiée sur le champ. Cette fois-ci, contrairement à ce qui se passe tous les jours, ce sont les uniformes qui doivent prendre la fuite, en abandonnant derrière eux la carcasse fumante de leur outil de travail. S’il n’y a pas d’arrestations immédiates la réponse de l’état est rapide : cinq personnes sont arrêtées dans les heures et les jours qui suivent, dont quatre accusées d’avoir été présentes aux abords de la manif. Deux d’entre elles sont placées en préventive (l’un est sorti en juillet 2016, l’autre en mars 2017, tous deux sous contrôle judiciaire). En juin 2016 deux individus seront arrêtées en marge de deux manifestations différentes, puis en février 2017 lors d’une perquisition. Ces trois dernières se trouvent encore en préventive aujourd’hui. Après avoir lancé (en vain) une série de convocations, les juges Lucie Berthezene et Aline Batoz ont clôt le dossier d’instruction fin mai. Neuf camarades devraient être jugées par un tribunal correctionnel dans les mois qui viennent, accusé -es de participation à un attroupement armé ; et pour six d’entre elles et eux de violences (ayant entraîné des ITT supérieure à 8 jours) sur les flics et d’avoir « détruit par l’effet d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes un véhicule de police ». (à quoi s’ajoute un refus d’ADN pour l’un des accusés)

Laissant au charognes en toges et à leur souteneurs les catégories d’« innocent » et de  « coupable », et à chacun-e le soin d’imaginer les raisons qui poussent certain -es à attaquer la police, nous avions envie de partager quelques échos à ce beau geste. La plupart des communiqués trouvés sur internet situent ces attaques dans une conflictualité sociale plus large et envoient des saluts solidaires à d’autres compagnon -nes incarcéré -es en France ou ailleurs.

En mars et avril 2017 deux rassemblements ont eu lieu devant la taule de Fleury-Mérogis (où sont incarcéré-es certain-es des inculpé-es). L’un et l’autre ont réuni une cinquantaine de personnes, et ont perturbé plusieurs heures durant le train-train macabre de la zonz’ (échanges de cris et de sloggans avec les emprisonné-es « les prisons en feu, les matons au milieu » « flics, matons, militaires, qu’est-ce qu’ils feraient pas pour un salaire (ou devenez tous suicidaires) » « Solidarité avec les inculpé-es des voitures brûlées » « Crève la taule » (etc etc) ainsi qu’une banderole « Solidaires dans la lutte, solidaires face à la répression. À bas toutes les prisons !»

***

Le 10 février entre Livron et Allex (Drôme), des « rats des champs » incendient deux caisses du front national et laissent un « sale facho » sur la façade. A Toulouse la même nuit ce sont une voiture d’agence immobilière et un tractopelle Eiffage (constructeur de prisons) qui se consument d’un feu solidaire. Fin février à Marseille, un DAB est cramé (la poste rue Lacédémone) le communiqué envoie « Un salut plein de chaleur à toutes les personnes qui sont descendues dans les rues ces dernières semaines (et avant !) pour s’attaquer à la police, à la justice, et à ce qui leur pourrit la vie de façon plus générale ». Mi mars à Grenoble, ce sont deux banques qui sont défoncées en solidarité. Fin avril à Rennes (35), des « noctambules » attaquent deux églises à coup de marteaux « nous crachons sur leur vision de la famille, du couple et de la sexualité ». À Bagnolet (93) début mai, un utilitaire Vinci part en fumée tandis que d’autres profitent d’un relatif sursis (« Un utilitaire sodexo (gère la bouffe dans de multiples taules), une voiture ENGIE ( dont la filiale GEPSA est le partenaire privilégié pour la gestion des taules), et une JC decaux (qui, en plus de nous imposer des pubs a chaque coin de rue, exploite les prisonniers en les faisant réparer des velib’) nous ont fait de l’oeil, mais en manque d’allume feu nous avons crevé leurs pneus (…). On reviendra plus matossé-e-s »). Le 19 mai à Rennes (35), un utilitaire d’Enedis sert de bougie d’anniversaire… « On avait aussi une pensée pour la personne que les flics soupçonnent d’avoir jeté le fumigène et qu’ils cherchent toujours. ¡Huye, hombre, huye ! ».

Ne laissons pas la justice se faire en silence. La solidarité c’est l’attaque!

Comments are closed.