N°3 – Dans la catégorie crapules : la Soleam
Si on parle beaucoup de la fameuse « inertie marseillaise » qui rendrait les projets d’aménagement plus longs et lents qu’ailleurs, force est de constater que les pelleteuses avancent à grand pas, les décideurs locaux se sentant en retard par rapport à d’autres villes où l’embourgeoisement est plus avancé. Un des acteurs principaux de cette restructuration est la Soléam.
Qui sont-ils ?
Créée en 2010, la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise) est une société publique qui étend son emprise sur Marseille, La Ciotat, Gémenos, Cassis et Tarascon. Émanation directe de la mairie et de Marseille Provence Métropole, son conseil d’administration est truffé d’élus locaux, pour la plupart proches de Gaudin, et son président Gérard Chénoz est adjoint au maire délégué aux Grands Projets d’Attractivité. C’est donc au sein de ce petit cartel, et en lien avec Euromed, que se décide une bonne partie des transformations de la ville.
Que font-ils ?
Aménager-Construire-Rénover, tel est leur slogan. Ça sonne bien, forcément, un peu comme quand on entend « développement durable », « qualité de vie », « rénovation urbaine » ou encore « lutte contre l’insalubrité »…Lorsque l’on vend une marchandise, le principal est dans l’emballage. Dans les faits, la Soleam s’active avec pour objectif de transformer Marseille sur le modèle de ce que doit être n’importe quelle Métropole dans ce monde : compétitive, valorisée, attractive…et pacifiée.
De par ses compétences, la Soleam est grande pourvoyeuse de marchés autour desquels de pressent entreprises du BTP, architectes, urbanistes, paysagistes et autres spécialistes de la communication et de la« concertation publique ».
Parmi la longue liste de ses méfaits, et dans le cadre de son opération Grand Centre Ville (235 millions de budget sur une période s’étalant de 2011 à 2021, mille hectares répartis sur plusieurs « pôles » situés entre Castellane et Saint-Mauront), la Soleam est actuellement à la baguette sur le chantier du futur hôtel de luxe-brasserie-centre de soin, à cheval entre la Canebière et Noailles, mais aussi sur le projet de réaménagement de la Plaine. Dans les deux cas la logique est la même et on ne peut plus claire : toujours plus d’espaces pour le commerce, les bourges et les touristes, toujours moins pour toutes celles et ceux qui feraient tâche dans ce décor. Un double mouvement que la Soleam résume en deux mots : incitation et coercition, et qui entraîne nécessairement d’innombrables démolitions et expulsions accompagnées d’une nuée de flics et d’huissiers pour virer les indésirables.
Où les trouver ?
Le siège social est situé au sein de la marie, et le siège administratif se trouve au 49 sur la Canebière.
___________________________________
Les flics accentuent la pression dans le centre-ville
Effet logique de l’embourgeoisement du centre, il faut bien chasser d’abord les galériens qui y vivent encore, qu’ils soient habitants ou non. Aussi les patrouilles de keufs à pied et à vélo se multiplient entre Noailles, Belsunce et la Plaine. Récemment, plusieurs opérations ultra-visibles ont eu lieu entre le boulevard d’Athènes et les Réformés: débarquant en force, la flicaille aidée de chiens encercle les terrasses de bar pour contrôler tout le monde, évidemment pour faire peur, chasser les gen-te-s, et pour en embarquer certain-es qui n’auraient pas le bon bout de papier sur eux-elles. Pour aller plus vite, ce sont les commerces qui ne paient pas de mine qui sont directement visés par des contrôles de l’URSAF, en espérant pouvoir les fermer et les remplacer par des boutiques d’un plus haut standing.