N°1- Ni de leurs guerres ni de leur paix, attaquons tous les pouvoirs !

Ni de leurs guerres ni de leur paix, attaquons tous les pouvoirs !

Mi-novembre des soldats de Daech massacrent 130 personnes et en blessent des dizaines d’autres à Paris. Ce terrible acte de guerre est une conséquence directe  des opérations militaires menées à l’étranger par la France et ses alliés depuis des décennies, et ce dans  l’indifférence la plus complète. En Syrie, en Irak, au Mali, en Centrafrique et au Kurdistan (…) ce sont des centaines de millier de civilEs et de révoltéEs qui essuient bombardements, meurtres, tortures, viols … exercés par les différentes forces en présence et leurs soldats. À la paix comme à la guerre, les États (démocratiques ou non) manient la violence et au besoin la terreur pour conquérir/exploiter des territoires,  pacifier les populations qu’ils soumettent à leurs lois, et ce de façon quotidienne. Cette fois la guerre fait une irruption sur le sol fRançais, et nous voilà tenuEs de resserrer les rangs autour de la soit-disant « communauté nationale ». L’État capitaliste voudrait nous faire croire que nous avons tous-te-s le même intérêt à ce que sa machine continue à fonctionner, quoiqu’il advienne.  Dans ce monde à l’envers, continuer à consommer (de la marchandise, du divertissement…) « comme si de rien » deviendrait un acte de résistance : la meilleure réponse à donner à l’État Islamique. Quel foutage de gueule…

Il s’agit de nous présenter comme un mal nécessaire les multiples couches de kaki et de contrôle supplémentaires qui accompagnent l’état d’urgence et lui survivront sans doute. La militarisation des esprits vient compléter la militarisation des villes. La menace terroriste constitue une occasion de rendre acceptable aux yeux du plus grand nombre la coopération avec les flics (appels à délation qui tournent en boucle dans les transports, dans les médias, multiplication des « veilles citoyennes » et autres voisinEs vigilantEs etc…) et d’habituer chacunE -pour un oui ou pour un non et par principe -à coopérer aux contrôles des uniformes de toutes sortes. Et ça fonctionne terriblement bien. Qui se souvient encore qu’il y a moins d’un mois l’entrée à la bibliothèque Alcazar, en centre ville de Marseille, se faisait « uniquement » en montrant le contenu de son sac aux vigiles ? (il y a tout à parier qu’avant les attentats de janvier et le début de l’opération Sentinelle il n’y avait pas de fouille des sacs mais «seulement» des portiques et des caméras). Maintenant pour entrer il faut montrer son sac et se voir passer le long du corps un détecteur -nouveau joujou des vigiles qui n’ont de toutes manières pas le nécessaire pour affronter des personnes armées. L’objectif évident est d’humilier les individus forcés à respecter des règlements qui n’ont aucun sens. Cette série de moments où l’on est contraintEs d’abdiquer face à l’Autorité nous abîme, et c’est leur fonction principale. Casser les individus. Éloigner toujours plus l’idée même de révolte contre tout ce qui voudrait nous soumettre au quotidien. (sur quelle humiliation réagir quand on en a tellement acceptées?)

Sous couvert de lutte anti-terroriste, l’État exige toujours plus d’ obéissance, de transparence, de traçabilité de la part de ses « sujets » ce qui de fait rend d’autant plus visibles les indésirables qui par choix et/ou nécessité ont recours à la débrouille, aux illégalismes de survie.  Les pauvres, sans-pap, révoltéEs qui décident de ne pas se contenter des miettes de vie qu’il propose et de se confronter à son pouvoir. Sans surprise les flux (d’humains, de capitaux, de marchandises, de communication) sont l’objet d’une vigilance toute particulière ainsi que l’occasion d’expérimenter des nouveaux outils de surveillance. Parmi les derniers exemples en date : la disparition annoncée (à long terme) des paiements en espèces.

Jamais en reste, la SNCF, tristement connue pour sa collaboration aux arrestations/ expulsions de personnes sans-papiers, intensifie encore sa chasse aux fraudeurs en ajoutant à l’ensemble des moyens déjà déployés (flics à bords, contrôleurs habilitéEs à fouiller les bagages…) des portiques comparables à ceux présents dans le métro. Ce nouveau dispositif est testé à Marseille Saint-Charles et Paris Montparnasse. S’il ne rencontre aucun obstacle, il deviendra sans aucun doute la norme. Les transports sont plus que jamais un des endroits du territoire où le contrôle et les frontières se matérialisent, et c’est une des raisons pour lesquelles ils se font régulièrement attaquer*. Ces crapules développent en parallèle des offres « à bas coût » adressées aux « petits budgets » pourvus qu’ils ou elles soient munies de papiers d’identité, d’une carte bancaire, d’un mail et d’un téléphone portable…

Temps de tempête : l’étau se resserre et chacunE fait face à ses responsabilités. Pour certainEs, toujours trop nombreuxSEs,  la grisaille de la soumission et de la résignation est encore préférable à l’incertitude de la révolte. D’autres font le choix précis de devenir des figures (politiciennes, journalistes) ou des défenseurSEs de l’ordre existant, de l’État et de la propriété (flics, soldats, matonnes, juges, vigiles, patronnes…). Ils et elles sont des rouages essentiels à ce monde de domination et d’exploitation. On leur souhaite de recevoir, à titre de médaille, les coups qu’ils et elles méritent. D’autres à l’inverse refusent de rentrer dans le rang et tentent de rester debout, de faire vivre des liens d’entraide/ de solidarité, se mettant en jeu pour leurs idées.  L’étau se resserre, les différentes forces réactionnaires/autoritaires (États, religions, fachos, nationalistes de tous poils) ont pris de la force et tentent de  faire disparaître au fond même de nos cerveaux l’idée de subversion.

Aujourd’hui comme hier nous portons au cœur des désirs d’une liberté qui ne se laisse enrégimenter dans aucune armée, qui ne peut exister à l’ombre d’aucun drapeau, sous les ordres d’aucun pouvoir et doit donc les détruire tous, pour vivre enfin. Les temps sont durs mais nous sommes vivantEs, l’imaginaire révolutionnaire tend à disparaître  mais il ne tient qu’à chacunE de le nourrir, de le faire croître par les mots et par l’attaque directe de ce qui nous empêche d’être libre, ici et maintenant.

Nideleurguerres

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