Crève la justice !
On reprenait dans le numéro de juin une série d’actions revendiquées en solidarité avec plusieurs individus accusées de l’incendie d’une keufmobile en mai 2016 à Paris 1. La solidarité a continué à s’exprimer sous de multiples formes tout au long de l’été et de l’automne (avant, pendant et après le procès) : discussions publiques, affiches, actions directes, déambulations sauvages…
Le procès a eu lieu mi-septembre à Paris dans une ambiance électrique. Les deux compagnonnes (seules des neuf inculpées comparaissant incarcérées) ont choisi de faire silence 2 . La routine macabre du tribunal a été perturbée par la présence de nombreux ses solidaires et par les échos de certaines des attaques qui ont eu lieu à l’extérieur (le tout au milieu de nuées de journalistes et d’un énorme dispositif policier). Le 19 septembre, premier jour du procès, cinq véhicules de la gendarmerie (trois fourgons de mobiles et deux bus) sont incendiés dans la caserne de Limoges (Haute Vienne) en lien avec « les inculpées dans l’affaire de la voiture de police brûlée quai Valmy ». Deux jours plus tard, c’est l’entrepôt de la caserne de Gendarmerie Vigny Musset à Grenoble (Isère) qui est la proie des flammes. 30 véhicules et le laboratoire technique partent en fumée. (3)
Le 11 octobre, le juge ALAIN ALÇUFROM a distribué des années de taule. Comme toujours lorsque les larbins de l’État sont visés, les peines se veulent dissuasives : jusqu’à 7 ans de prison pour la personne reconnue coupable du jet de fumigène ayant provoqué l’incendie. À l’énoncé du verdict de nombreux cris ont retenti dans la salle. L’agence «1+1» qui réalise des campagnes de pub pour le ministère de la justice (entre autres) a reçu dans la foulée la visite d’une quinzaine de personnes (devanture taguée…). Le soir
même, un rassemblement était prévu à Ménilmontant. Une fois la banderole déployée, le cortège s’est élancé vers le centre de la capitale: «les slogans sont gueulés tout au long de la manif. Des tags fleurissent, certaines s’arment de pierres ou de bouteilles, d’autres déplacent les poubelles, de petits feux en surgissent, vite éteints par des citoyens vigilants. Les vitrines se fendent, plus on se rapproche du Marais, école de commerce, picard, banques, mais aussi magasins de fringues et de bijoux [ ] personne n’est arrêté».
Au delà de la colère, de la tristesse et du dégoût que nous provoquent la lourdeur de ces condamnations, nous nous reconnaissons dans les choix fait par celles et ceux des inculpées qui ont décidé de garder le silence face aux juges et aux médias: refusant de balancer d’autres personnes pour tenter de se tirer d’affaire, de « regretter » ce dont iels étaient accusées ou de présenter la répression qu’iels subissaient comme une répression spécifique et « injuste » (celle du mouvement social, de militantes connues des services de police, etc…). Et au delà des murs, dans les choix faits par nombre de compagnonnes, connues ou non : évacuer la question de l’innocence ou de la culpabilité des personnes inculpées pour partager (en mot et en actes) le sens de l’attaque qui leur est reprochée, et celui de l’offensive contre tous les rouages de ce monde de chaînes et de barbelés.
VIVE LA RÉVOLTE !
(1) Principalement adressées aux deux inculpées qui ne se distanciaient pas de ce bel incendie.
(2) Kara est sortie depuis. La personne accusée d’avoir placé le fumigène qui a incendié la voiture n’a pas été trouvée par les chtars à l’heure actuelle. On lui souhaite bonne chance.
(3) La réponse de l’État ne s’est pas faite attendre, sous forme d’appel à témoins dans les pages de la presse régionale (Grenoble) et de mails menaçant de fermeture certains des nombreux sites internet ayant relayé les communiqués de revendication (Indymédia Nantes, Indymédia Grenoble…)
QUELQUES UNES DES AUTRES ACTIONS REVENDIQUÉES EN SOLIDARITÉ …
le 11 septembre : l’antenne interrégionale du SPIP de Marseille (service pénitentiaire d’insertion et de probation) perd toutes ses vitres. Le 19 septembre trois autolib sont incendiés aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Le 23 c’est un camion de la mairie de Clermont-Ferrand qui prend feu. Le 1 er octobre: une camionnette Derichebourg (entreprise connue pour se faire de la thune sur l’enfermement) est embrasée à Montreuil. Le 10 octobre, plusieurs vitres de l’école de commerce de Besançon sont brisées « pour un monde sans flic ni fric ». 24 octobre : trois voitures de la police municipale sont incendiées à Clermont-Ferrand…